Le musée Marmottan nous présente une soixante d’œuvres sorties de trente collections privées, qui couvrent les mouvements de l’Impressionnisme au Fauvisme. Des œuvres habilement sélectionnées, dont la plupart sont de véritables découvertes car rarement présentées au public. Une exposition d’un très bon niveau à voir avant que tous ces trésors retrouvent le salon feutré de leurs propriétaires.
Posté le 20 septembre ➡ 10 février 2019
Gustave Caillebotte, Le Pont de l’Europe, 1876 © Genève, musée du Petit Palais / Rheinisches Bildarchiv Köln, Michael Albers
Claude Monet, Les Pyramides de Port-Coton, effet de soleil, 1886 © courtesy Thomas Ammann Fine Art AG, Zurich

Pierre Auguste Renoir, Portrait de Madame Josse Bernheim-Dauberville (née Mathilde Adler), 1901 © Collection particulière François-Marc Durand / D.R.

Théo van Rysselberghe, La Régate © Trustees of the Portland Museum of Art, Maine

Georges Seurat, La Seine à Courbevoie, 1885 © collection particulière / D.R.

Pierre Bonnard, Nu debout, de profil, vers 1905 © Mexico, Collection Pérez Simón / Arturo Piera

Maurice de Vlaminck, Nature morte au compotier, 1905 © Boris Veignant / Adagp, Paris 2018

On est toujours un brin dubitatif lorsqu’on nous expose des œuvres issues de collections privées. Le meilleur peut y côtoyer le médiocre, voire le pire pour remplir des salles. Ici, dans ce musée constitué à partir de collections privées à commencer par celle de Paul Marmottan qui légua, en 1932, murs et collection à l’Académie des Beaux-Arts, on nous présente une soixantaine d’œuvre qui, issues de riches collections voire de descendants même des artistes, il n’y a qu’à s’incliner.
Claude Monet, Villas à Bordighera, 1884 © Collection particulière / D.R.
Et pour plusieurs raisons. Le titre n’est en rien usurpé puisque tous les grands noms de l’impressionnisme – Monet, Pissarro, Degas, Caillebotte ou encore Renoir avec deux magnifiques portraits et une nature morte – et du fauvisme sont présents – même Picasso qui mérite bien avec cette Danseuse espagnole de 1901 de voisiner avec les fauves ! On y trouve aussi certains représentants d’importance du postimpressionnisme comme Toulouse-Lautrec, Van Gogh, van Dongen, Bonnard (avec un très beau nu daté 1905), Bernard et Gauguin, du pointillisme avec Signac, Seurat et van Rysselberghe sans oublier les nabis ici présents avec surtout deux très belles œuvres de Vuillard.
Citons encore l’envoutant Odilon Redon et Matisse. Comme on le voit, la proposition est large et est aussi et surtout une belle approche des mouvements qui, de l’impressionnisme au début du siècle ont porté sur les fonds baptismaux certains mouvements à venir. L’autre raison est que, sorties d’une trentaine de collections privées, ces œuvres y retourneront dans
quelques mois et l’on nous offre là une occasion rare de voir ces chefs d’œuvre (le mot ici n’est pas usurpé) avant qu’ils retrouvent les murs de leurs heureux propriétaires. Nous avouons, nous qui voyons de très nombreuses œuvres et beaucoup d’accrochages que beaucoup de celles présentées ici n’ont jamais, ou très rarement, été présentées au public. Une raison suffisante, s’il fallait n’en trouver qu’une, de venir les contempler.
Monet, ici chez lui, est bien représenté
Coté impressionnistes, la part belle est donnée au chef de file du mouvement, Claude Monet, dont ce musée renferme aussi le plus beau fond d’œuvres, avec six toiles dont une magnifique Villas à Bordighera de 1884 et l’étonnant Les Pyramides de Port-Coton, effet de soleil de 1886 dans lequel à son habitude le maitre de Giverny travaille avec les effets de lumière. À noter parmi les œuvres d’exception, et les six Caillebotte présents, ce mythique Pont de l’Europe de 1876, grande œuvre qui a fait l’objet de nombreux dessins et esquisses préparatoires. Ici c’est l’œuvre finale, grande toile qui a fait le voyage depuis le musée du Petit Palais de Genève. Issue de la grande collection du regretté Oscar Ghez, cette œuvre est d’évidence, l’une des pièces maitresses de ce musée privé encore trop peu connu.
On pourrait ainsi passer en revue chaque œuvre – ce que fait parfaitement l’indispensable catalogue paru chez Hazan – tant il est vrai que l’on nous présente le meilleur de ces trente collections. Signalons quand même ce magnifique portrait par Toulouse-Lautrec La Blanchisseuse de 1886-87 une femme de profil, appuyée sur ses mains et qui contemple, entre deux labeurs, la ville par la fenêtre. Une œuvre forte et gracieuse à la fois à apparenter avec le magnifique portrait de Rosa la Rouge, conservé dans à la fondation Barnes, ou encore La Rousse avec une blouse blanche du musée Thyssen-Bornemisza de Madrid. L’oeuvre est du même niveau.
Du rare Seurat en collection privée on admirera cette Seine à Courbevoie de 1885, qui préfigure à bien des égards son chef d’œuvre Un Dimanche à la Grande-Jatte. Et enfin quelques sculpteurs ont fait le déplacement comme Camille Claudel, Rodin, et Bourdelle. Naturellement on en profitera, sur place, pour visiter les salles Monet, dont Marmottan est le musée qui possède le plus beau fonds d’œuvre du maitre de l’impressionnisme.
Musée Marmottan, 2 rue Louis Boilly (16e).
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Dernière entrée : 17h30
Nocturne le jeudi jusqu’à 21 h. Dernière entrée : 20h30
Site du musée : www.marmottan.fr/
Henri de Toulouse-Lautrec, La Blanchisseuse, 1886-1887 © SGS Art Services