Picasso on ne s’en lasse pas et il est vrai que pour les « picassiens », ces dernières années ont été prolifiques en expositions et autres manifestations. Cette avalanche d’accrochages est en partie due à Laurent Lebon qui préside aux destinées du Musée Picasso de Paris. En puisant dans les réserves du musée, il a lancé au printemps 2017 cette opération « Picasso Méditerranée » qui nous a mis le malaguène à toutes les sauces y compris culinaire comme cette présentation de Picasso et la cuisine au musée de Barcelone.
Picasso par-ci, Picasso par-là, Picasso au théâtre, Picasso en cuisine, Picasso à la plage, Picasso à Barcelone, Picasso et la danse… et cette présentation de Picasso en vacances, l’an dernier au musée Picasso d’Antibes dont cet ouvrage est le catalogue. Un catalogue fort bien documenté avec force œuvres mais aussi des photos prêtées par la famille et qui le rend des plus intéressants. Antibes et Juan-les-Pins, au bord de cette mer Méditerranée qui l’a vu naître, en un retour au soleil pendant presque trente ans avant de s’y installer définitivement, lui est indispensable. Antibes et Juan-les-Pins, stations balnéaires un brin chics qu’il fréquenta entre 1920 et 1946, y peignant, s‘y amusant et tout cela sur fond d’amour, de vacances familiales comme de liaisons. Bref, le soleil, le ciel et la mer… les mères aussi puisqu’on y croise Olga maman de Paulo et Marie-Thérèse celle de Maya puis les compagnes des années trente/quarante que furent Dora Maar et Françoise Gilot. Mais comme disait un célèbre groupe d’humoristes « Tout cela ne nous regarde pas… ». Quoique, tant on sait que les amours de Picasso ont toujours déteint sur son art.
L’art justement est naturellement présent, comme toujours, pendant ces années-là. Des traînées de sa période ingresque terminent les années vingt, alors que son art va se radicaliser les décennies suivantes avec des natures mortes encore un peu cubisantes. Ces dernières laissant la place à une manière empreinte d’une dose de surréalisme avant de voir apparaître son interprétation de la figure du minotaure. Et les années quarante trouvent leur apogée dans sa résidence au château Grimaldi d’Antibes, avec ses merveilleuses peintures à fresque comme pour oublier les années noires de la guerre. Ces vacances de Monsieur Picasso ne sont pas une parenthèse dans sa vie de peintre, mais une étape, un trait d’union entre hier et maintenant. Un ressourcement avant d’affronter l’autre partie du siècle Picasso.
Les vacances de Monsieur Pablo. Picasso à Antibes Juan-les-Pins, 1920-1946
Editions Hazan. 144 p. 190 ill. 29 €