Six nouvelles ventes pour disperser encore plusieurs centaines de documents, lettres et dessins de cette collection forte de… 130 000 pièces ! Des ventes suites à la révélation d’une escroquerie hors pair !
Posté le 21 mars ➡ Ventes du 1er au 5 avril 2019
Rappelons les faits de cette vente à épisodes dont arrive en ce début d’avril avec ses 15e à 20e vacations… Et on est encore loin d’en voir le bout ! Les ventes des trésors (le mot n’est en rien un superlatif) de cette société font suite à une escroquerie de grande envergure. Les ventes de la collection constituée par la société Aristophil, forte de 130 000 pièces, qui feront l’objet de dizaines de vacations dont on aurait pu attendre une saturation du marché. On pouvait, à l’annonce de cette dispersion, se demander légitimement comment procéder pour assécher ce fleuve constitué d’une grande variété d’œuvres, dessins, peintures, photographies, lithographies, manuscrits anciens, chartes, incunables, livres et manuscrits, partitions, éditions rares, lettres, autographes, philatélie, objets d’art, d’archéologie, objets et souvenirs et autres documents qui forment un agglomérat qui couvre l’ensemble des moyens d’expression qu’inventa l’homme depuis les origines jusqu’à nos jours ….
Apparemment il ne semble pas que ce soit le cas et les ventes s’enchainent avec un certain succès, même si les pièces sont cédées à des prix loin de ceux qui étaient évalués par les tenants de cette escroquerie.
Une pyramide à la Madoff
Une escroquerie qui, sous couvert et annonce de profits juteux pour les « actionnaires » de cette respectable institutions, cachait une entourloupe, une de ces fameuses « pyramides de Ponzi » dans laquelle sont tombés les naïfs agioteurs qui pensent toujours que les rentabilités mirifiques proposées par un « respectable » citoyen, à l’entregent bien établi, est une garantie.
Ce ne sont pas moins de six ventes qui sont annoncés entre le 1er et le 5 avril ! Certaines concernent des documents historiques sur lesquels nous ne nous attarderont pas sinon à signaler de nombreuses lettres signées des grands noms de l’Histoire, de François Ier à De Gaulle en passant par tous les Bourbons et naturellement Napoléon grand épistolaire devant l’Éternel. On y verra aussi quelques souverains et hommes politiques étrangers comme le tsar Nicolas II, Catherine de Russie, Bismarck et même… une machine Enigma qui servait aux Allemands pendant la guerre à chiffrer leurs messages. On se demande bien comment elle a atterri là ! (Ader et Aguttes le 4 avril… Il faut savoir que devant la montagne à écouler plusieurs maisons de ventes sont mises à l’ouvrage !) Signalons aussi une vente entièrement consacrée à une bibliothèque napoléonienne (Drouot Estimations le 5 avril) qui n’a rien à envier à celle de la dispersion de Dominique de Villepin en 2013 et enfin une vacation consacrée aux poètes et écrivains des XIXe et XXe siècle (Aguttes le 3 avril).
Maurice Denis, Annonciation à Fiesole 1907. (Est.: 100 / 150 000 €) © Courtesy SAS Aguttes
Jean Dubuffet, labonfam abeber par inbo nom [Paris, Jean Dubuffet], 1950. Édition originale, très rare, du troisième livre de l’Art Brut, entièrement réalisé par Jean Dubuffet. (est.: 7/8 000 €) © Courtesy SAS Aguttes / Adagp 2019
Henri Matisse, lettre à Gustave Kahn illustrée d’un autoportrait, Issy-les-Moulineaux 25 janvier 1916 (Est.: 40/50 000 €) © Courtesy SAS Aguttes / Succession Matisse
De Van Gogh à Tinguely
En ce qui nous concerne, trois ventes retiendront notre attention. L’une est consacrée à des tableaux et œuvres sur papier et les deux autres aux écrits de peintres, d’artistes et de poètes. Dans la première, forte de 256 numéros, beaucoup de lots abordables constitués de dessins, esquisses et œuvres de petits maitres. Côté dessins nous retiendrons, chose à signaler car rare, deux feuilles de Van Gogh dont une très aboutie représentant un champ de blé croqué lorsque le peintre était interné à l’hospice Saint-Paul à Saint-Rémy-de-Provence (250 / 300 000 €). Autour on notera quelques Renoir dont une vue du village de Cagnes Vue de la terrasse des Collettes (250 / 350 000 €), un Camille Pissarro Le grand noyer à Éragny aux accents encore divisionnistes (300 / 500 000 €)
Mais comme dit c’est du côté des petits maîtres – qui le sont de moins en moins à la vue de l’emballement des prix ! – que des surprises sont à attendre comme pour ce magnifique Henri Lebasque Madame Lebasque et sa fille au bord de la Marne daté de 1899 pour lequel est attendu 120 000 à 150 000 €. Notons ces deux très beaux Henri Martin, un artiste dont la cote n’en finit pas d’évoluer, présent ici avec Le Bassin vers 1909 une portrait d’une jeune fille assise au bord d’un bassin. Traité dans une nouvelle manière pour lui faite de larges touches alors que le décor a encore des relents pointillistes ( 300 / 500 000 €). Du même, une vue de son cher village de Labastide-du-Vert au printemps (1910) traité dans une manière encore très pointilliste, une huile sur toile dans laquelle la beauté du paysage le dispute au calme et à la sérénité (120 / 150 000 €) .
De Maurice Denis signalons cette Annonciation à Fiesole de 1907, une œuvre maitresse qui s’inspire d’évidence dans sa composition des anciens, on pense à Fra Angelico ou autre fresquiste italien. La sujet est, comme souvent chez Denis inspiré des Écritures, ici donc de l’Annonciation avec, en fond de décor une vue sur les environs de Fiesole, une commune périphérique de Florence (100 / 150 000 €). On retiendra encore de Fernand Léger une belle étude pour ses Les Acrobates, le cirque de 1948 (10 / 15 000 €), une feuille de Modigliani Portrait de Gabrielle, 1918 (estimation : 100 / 150 000 €), un dessins préparatoire par Magritte pour un Intérieur daté 1920 (20 / 30 000 €), une magnifique et très réaliste composition par Jean Metzinger, La tranche de melon de 1923, qui mélange au réalisme encore quelques relents de cubisme (50 / 80 000 €). Dufy, Chagall et l’inévitable Picasso, présent avec deux œuvres, clôturent la vente.
Autres ventes à avoir retenu notre attention celles consacrées aux écrits et œuvres d’artistes du XVIe au XXe siècle avec force dessins et lettres souvent illustrées dus à tous les grands de ces siècles, de Rubens à Miro en passant par Watteau, Géricault, Delacroix avec deux carnets de croquis, Daumier, Millet, Rodin, Manet, Monet, Caillebotte, Signac, Derain, Toulouse-Lautrec, Modigliani, Utrillo, Matisse, Chagall, Léger, Kandinsky, Mondrian, Giacometti, Man Ray avec son recueil de rayogrammes Électricité de 1931 très rare en vente publique, et accompagnés d’estimations allant de moins d’un millier d’euros à plus de 200 000 €.
Paul Éluard et Hans Bellmer, Les Jeux de la Poupée, 27 janvier – 4 février 1939. Manuscrit autographe signé accompagné d’un dessin orignal au crayon de Hans Bellmer, et de 3 épreuves photographiques originales dont deux réhaussées à la main par Hans Bellmer. Précieux manuscrit d’Éluard des Jeux de la Poupée, pour l’édition prévue aux Cahiers d’Art en 1939 (Est.: 100/150 000 €) © Courtesy SAS Aguttes / Adagp 2019
Vente Écrits et correspondances de peintres
Maison de ventes Aguttes. Hôtel Drouot 12, rue Chauchat (9e). Salles 5 et 6
Exposition publique les 30 et 31 mars de 11h à 18h et le 1er avril de 11h à 12h.
Vente le 1er avril à 14 h00.
Vente Impressionnistes et modernes
Maison de ventes Aguttes. Hôtel Drouot 12, rue Chauchat (9e). Salle 5
Exposition publique les 30 et 31 mars de 11h à 18h et le 1er avril de 11h à 12h.
Vente le 1er avril à 16 h30.
Vente Écrits et œuvres d’artistes du XVIe au XXe siècle
Maison de ventes Artcurial. Hôtel Drouot 12, rue Chauchat (9e). Salle 5 et 6
Exposition publique les 30 et 31 mars de 11h à 18h et le 2 avril de 11h à 12h.
Vente le 2 avril à 14 h00.