➡ À voir du 18 avril au 4 mai 2019
Michelangelo Merisi dit le Caravage (1571-1610). Judith et Holopherne vers 1607 © Cabinet Turpin
La découverte de cette toile dans un grenier en 2014 à Toulouse était de taille, presque inespérée, mais les experts appelés à se pencher sur l’œuvre, dont le grand spécialiste de tableaux ancien Éric Turpin, ont rendu leur conclusion : cette évocation biblique des démêlés de Judith et Holopherne est bien un Caravage (1571-1610) et c’est d’autant plus rare qu’on ne connaît qu’une soixantaine œuvres de ce peintre un brin voyou qui entre taverne, condamnation, exil et prison laissa à la postérité des tableaux dont le clair-obscur a fait toute sa renommée. Le tableau illustre un passage de la Bible, de l’ancien Testament dans lequel Judith, jeune veuve de la ville de Béthulie, met fin à l’invasion assyrienne en tranchant la tête du général ennemi Holopherne, après l’avoir séduit. La scène, ici, se déroule dans la tente du général en chef, sous le regard de la vieille servante de Judith, Abra. L’héroïsme de Judith sera célébré par de nombreux artistes dès le XIIe siècle jusqu’à nos jours !
L’œuvre, qui va être mise aux enchères le 27 juin prochain à Toulouse sous le marteau de Maître Marc Labarbe, est estimée entre 100 et 150 millions d’euros ! Somme considérable mais justifiée par la rareté et la beauté de l’œuvre. Estimation d’autant plus grande que l’État a permis sa sortie du territoire et donc le tableau intéresse par là même le marché international.
Après son exposition à Londres chez Colnaghi et avant celle de New York chez Adam Williams, ce chef d’œuvre entamera un dialogue inédit avec une œuvre résolument contemporaine de Buren, un artiste de la galerie de Kamel Mennour. C’est donc dans son espace de la rue du Pont de Lodi que sera présenté au public, pour la première fois en France, ce tableau exceptionnel du Caravage en regard de l’œuvre Pyramidal, haut-relief – A5, travail in situ de Daniel Buren, en un dialogue hypnotique et totalement inédit avec l’œuvre résolument contemporaine de l’artiste français (né en 1938).
Le Caravage face à… Buren !
Un face-à-face saisissant, éclairé de façon magistrale par le concepteur lumière Madjid Hakimi. Kamel Mennour s’en explique : « C’est une des forces de la galerie que de créer ces rencontres entre des grands monstres de l’histoire de l’art… Kazimir Malevitch et François Morellet sur le thème du carré… Daniel Buren et Alberto Giacometti 1964-1966, un moment où les deux artistes étaient à la fois contemporains et aux antipodes en termes de création. Ici, le fossé est immense. Plus de 400 ans séparent les deux œuvres… Il s’agit surtout d’œuvres que tout oppose, c’est ça qui fait que le dispositif opère. Caravage raconte une histoire, il la théâtralise avec un rideau rouge et une composition serrée de trois personnages qui nouent l’action au cœur du tableau. Le haut-relief de Daniel ne raconte rien en soi, il est sec et strictement non pictural ; même si ses couleurs, le noir et le blanc sont très Caravage. ». Nous auront douze jours seulement pour nous en rendre compte.
À voir du 18 avril au 4 mai
Galerie Kamel Mennour 6, rue du Pont de Lodi (6e)
du mardi au samedi, de 11h à 19h
Site de la galerie : http://www.kamelmennour.com/