Retour à la galerie Antoine Laurentin de Geneviève Asse, une artiste aussi discrète que son œuvre est admirable en tous points. En ces périodes de tape-à-l’œil et de démesure, son art, d’une belle eau et d’une grande simplicité et humilité, est à voir d’urgence. À 96 ans, elle est l’une des artistes vivante des plus importantes.
Posté le 23 juin ➡ à voir jusqu’au 23 juillet 2019
Une grande dame de l’art, aussi effacée et humble que son œuvre, d’une grande simplicité et d’une extrême rigueur et beauté. Peu vue – sinon une exposition à Beaubourg en 2013 et il y a plus de deux ans ici qui se révèle être apparemment la seule galerie à la représenter maintenant à Paris – collectionnée par de véritables amateurs, sa peinture toute en délicatesse est au catalogue de bon nombre de musées de par le monde. Agée aujourd’hui de 96 ans, elle vit loin de toute l’agitation du monde, sur une île bretonne.
À gauche : Composition, 2007. Au centre : Horizon sensible 2007. À droite : Structure, 2005 © Courtesy Galerie Antoine Laurentin / Ph.: P. Joly & V. Cardot / Adagp 2019
Elle fut pourtant du tout Paris des connaisseurs et amateurs de ces artistes dont la subtilité, la grandeur, l’intelligence sont l’apanage perçu d’eux seuls. Garçonne émancipée dans les années quarante et ambulancière dans la 1ère BD pendant la guerre, elle contrebalancera ces horreurs par son art. Au sortir du conflit, elle retrouve la faune du Saint-Germain-des-Prés de Vian mais surtout de ses pairs que sont alors les frères van Velde, Charchoune, Poliakoff, de Staël, ces chantres de cette seconde École de Paris qui vont construire l’abstraction de cette seconde partie du siècle.
Amie de beaucoup, dont de Samuel Beckett qui a laissé d’elle un beau texte à retrouver dans le catalogue qui accompagne cet accrochage. Peu de galeries peuvent d’enorgueillir de l’avoir présentée, c’est ce qui rend cet accrochage d’une cinquantaine d’œuvres, événementiel.
Un bleu calme, tendre, subtil
Geneviève Asse, c’est avant tout une couleur, un bleu qui la signe au mieux, un bleu calme, tendre, tout en nuance et subtilité que viennent parfois doucement troubler une ligne d’une autre couleur, une digression de camaïeu, quelques rares lignes, une autre couleur intrusive. Un art tout en intériorité qui provoque la méditation autant que la sérénité. Les formats concourent aussi à cette expérience autant visuelle que philosophique. Jamais trop grand, toujours du domaine de l’appropriation visuelle, nul besoin d’espace, le format est de ceux que l’on englobe d’un regard et peut même aller jusqu’à de petites œuvres de quelques centimètres qui contiennent à elles seules toute l’essence de l’art de cette immense artiste pour qui la lumière, la terre, la mer, le ciel sont des espaces de réflexion. Une œuvre apaisante qui tranche avec le chaos de notre monde actuel.
Galerie Antoine Laurentin, 23 quai Voltaire (7e).
Site de la galerie : www.galerie-laurentin.com