Il est toujours très délicat de faire des ouvrages dans lesquels on offre une sélection dans un ensemble. Et peut-être encore plus lorsqu’il s’agit de personnalités car chacun y trouvera des manques flagrants, des sélections non méritées, des oublis impardonnables comme des encensements non justifiés. Mais comme le disait Gide « choisir c’est renoncer ». Et quels renoncements ! Puisque l’éditeur nous apprend d’entrée que ce choix de 400 artistes femmes le fut en partant d’une liste de 2000 ! Et que ce choix fut fait par un panel de collaborateurs de l’éditeur et de quelques « experts mondiaux ». Et s’il est vrai que cette histoire de l’art s’est au long des siècle – hormis quelques exceptions citées dans l’introduction – écrite au masculin, cet ouvrage, surfant sur les vagues actuelles d’une reconnaissance voulue et appelée du rôle des femmes dans la société en général et des arts en particulier, semble aussi, et être avant tout, une idée autant marketing qu’éditoriale.
Le choix fut certainement cornélien d’autant que cet ouvrage englobe des artistes travaillant dans toutes les disciplines, dans le monde entier et sur plus de cinq siècles ! Inutile donc de dire que cet ouvrage est de vulgarisation et que naturellement on y trouve toutes les plus grandes, quelques oubliées, d’autres qui furent au long de leur carrière « cachées » derrière leur homme.
S’il enfonce bon nombre de portes ouvertes, il peut, en revanche, révéler au grand public, pour lequel beaucoup d’artistes d’importance lui reste méconnus, voir inconnus, des artistes qui ont ici leur place méritée. Cet ouvrage apporte donc une pierre non négligeable à l’édifice.
Le choix ici est surtout axé sur le XXe siècle et met en lumière, dans la jungle des artistes contemporains, bon nombre dont on n’est pas certain que la grande histoire les retiendra. Une remarque qui vaut aussi pour bon nombre d’artistes masculins cela va sans dire. Mais on peut déplorer aussi l’absence, dans ce choix, d’artistes majeures comme Aurélie Nemours, Bettina Rheims, Constance Mayer, Judit Reigl, Séraphine de Senlis, Marie Bracquemond, Victorine Meurent, Constance Mayer (cachée derrière son maitre et compagnon Pierre-Paul Prud’hon), Elisabeth Jane Gardner (la première femme à recevoir une médaille d’or au Salon de Paris en 1872 !), Martha Stettler (peintre et fondatrice de la Grande Chaumière), Germaine Krull, et tant d’autres. On ne peut que souhaiter qu’un second – voir un troisième – tome le complète et répare ces oublis… en puisant dans les 1600 recalées de ce premier opus.
400 Femmes artistes
Introduction par Rebecca Morrill
Editions Phaidon. 448 p.450 ill. 49,95 €