En 1983, le galeriste suisse Bruno Bischofberger, qui compte dans son portefeuille d’artistes la plupart des grands noms du pop art, dont Warhol et Basquiat, a l’idée de les associer en leur demandant de travailler sur des œuvres à quatre mains. Un temps, il adjoint au duo un troisième larron, Francesco Clemente. C’est le produit de cette collaboration entre « stars » de l’époque que nous présente la Fondation Louis Vuitton qui, une fois de plus, nous propose une exposition hors norme, parmi laquelle un certain nombre d’œuvres n’ont jamais été vues de ce côté de l’Atlantique. Un événement bien sûr !
Exposition « Basquiat x Warhol, à quatre mains » à la Fondation Louis Vuitton jusqu’au 28 août 2023.
Vue in situ de l’exposition, galerie 4. Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol, African Masks, vers 1984 © The Estate of Jean-Michel Basquiat Licensed by Artestar, New York. / The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / Licensed by ADAGP, Paris 2023
Andy Warhol, Portrait of Jean-Michel Basquiat as David, 1984 © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / Licensed by ADAGP, Paris 2023

Jean-Michel Basquiat, Brown Spots (Portrait of Andy Warhol as a banana), 1984 © The Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New-York / Courtesy Galerie Bischofberger

Basquiat, Clemente, Warhol, In Bianco, 1984 © The Estate of Jean-Michel Basquiat Licensed by Artestar, New York / The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / Francesco Clemente

Jean-Michel Basquiat, Andy Warhol, 6.99, 1985 © The Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York. : © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / Licensed by ADAGP, Paris 2023

Jean-Michel Basquiat, Andy Warhol, Untitled, 1984 © The Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York. : © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / Licensed by ADAGP, Paris 2023

Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat, Bruno Bischofberger et Fransesco Clemente, le 15 septembre 1984 à New-York (États-Unis). Photo Beth Philipps / Galerie Bischofberger

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Qui a eu cette idée de réunir, et de faire travailler ensemble, deux des plus importants peintres de la scène américaine des années 80 ? C’est le galeriste suisse Bruno Bischofberger, dans une démarche autant artistique que marketing. Bruno Bischofberger, ce marchand zurichois, est un personnage hors norme, en 1963, à tout juste 23 ans, il ouvre sa galerie à Zurich. Deux ans après, à l’affût de l’art qui se fait, il organise dans sa galerie zurichoise une exposition de pop artistes américains réunissant Andy Warhol (1928-1987), Jasper Johns, Tom Wesselmann, Claes Oldenburg et Robert Rauschenberg ! La crème du pop art ! Trois ans plus tard, à tout juste 25 ans, il prend Warhol sous contrat avec un « premier droit d’achat » sur ses œuvres à venir, un contrat qui tiendra jusqu’à la disparition de Warhol ! Bischofberger l’impose en Europe et se fait, dans la foulée, le chantre de ce mouvement qui signe l’époque.
Une vingtaine d’années plus tard, toujours à l’affût de l’art « en train de se faire » comme Seuphor qualifiait l’avant-garde, Bruno Bischofberger visite l’atelier d’un jeune peintre dont le nom circule dans le milieu des avant-gardes : Jean-Michel Basquiat (1960-1988) dont le pseudonyme – SAMO – fleurissait en graffiti sur les murs downtown de New York, accompagné souvent de phrases aussi étranges que philosophiques ainsi que sur de petits dessins qu’il vendait dans la rue. Bischofberger, qui avait visité l’une des toutes premières expositions de Basquiat dans une galerie new-yorkaise comprend de suite l’importance de ce jeunot. Un choc. En mai 1982, il devient son représentant exclusif et le 4 octobre suivant il le présente à Andy Warhol.
À l’automne 1983, Bischofberger a alors l’idée d’associer ces deux artistes en les faisant travailler de concert, et sollicitera aussi Francesco Clemente pour un triolisme pictural. L’idée n’est pas un fait unique à New York où des artistes collaboraient entre eux volontiers, mais reste rare en Europe dans l’histoire récente de l’art, si on excepte les « cadavres exquis » chers aux surréalistes, la collaboration Braque / Picasso sur l’élaboration du cubisme et des œuvres à quatre mains Alechinsky / Appel sous l’égide de la galerie Lelong et quelques rares autres comme Arnulf Rainer et Dieter Roth.
Quant à Bischofberger, il avait déjà eu, au sein de sa galerie, une collaboration entre deux de ses peintres Enzo Cucchi et Sandro Chia. « Le principe de telles œuvres me fascinait depuis un certain temps déjà ». Il en fait part à Warhol dont la première réaction est : « Penses-tu vraiment que Basquiat soit un artiste si important ? ». Devant l’affirmation de Bischofberger, Warhol, qui avait toute confiance dans le jugement de son marchand, donne son accord. Basquiat lui, est aux anges et Bischofberger l’entraîne à la Factory, l’antre de Warhol situé alors dans l’Edison Building, au 33 East 33rd Street, un lieu mythique tout à la fois atelier, lieu d’exposition, studio de tournage, rédaction de son magazine Interview et accessoirement salle de concert voire même boîte de nuit pour des « parties » très courues alors !
Peu de temps après, un visiteur de la Factory découvrant là une œuvre de Basquiat, demande à Warhol qui en est l’auteur. Warhol lui répond : « C’est Jean-Michel. Il est génial. Tu devrais en acheter. Ce n’est pas cher, et ça prendra de la valeur. ». Cette réponse, faite à l’aune commerciale – on sait que Warhol était un excellent homme d’affaires très attentif à ses revenus – prouve, si besoin était, que Warhol avait vite compris toute l’importance de son cadet. Cette collaboration entre Basquiat et Warhol durera deux ans et demi, de 1983 à 1985 et donnera 160 œuvres dont presque la moitié (70) sont présentées ici, accompagnée des 16 faites à six mains avec Francesco Clemente. Beaucoup de ces œuvres n’ont jamais été vues de ce côté de l’Atlantique.
Jean-Michel Basquiat, Dos Cabezas, 1982 © The Estate of Jean-Michel Basquiat Licensed by Artestar, New York / Robert McKeever / Courtesy Gagosian
« Basquiat jouait enfin dans la cour des grands »
Alors faut-il y voir simplement la volonté d’un marchand ? Une bataille d’ego du « petit nouveau » se mesurant à l’icône Warhol installée ? Une forme de respect de Basquiat pour Warhol ou simplement une belle amitié ? Keith Haring, l’autre grande figure de l’époque, y voyait lui une simple « conversation ». Suzanne Pagé, directrice artistique de la Fondation, y voit, elle, une collaboration « dans le respect, mais non sans compétition, dans la liberté et l’insolence, les voix de chacun restent audibles. Elles donnent le meilleur, selon Warhol lui-même, quand elles se confondent pour dire le monde sur un mode percutant à la mesure de l’impact que celui-ci aura eu sur les deux artistes. ». Quoi qu’il en soit, cette proposition tombe à pic pour un Basquiat en recherche de notoriété. Lors d’un dîner, scellant la proposition de Bischofberger et réunissant Basquiat, Warhol, Clemente et la photographe et rédactrice en chef de Interview Magazine Paige Powell, cette dernière écrit : « Le dîner au Barbetta a été surtout un moment décisif pour Jean-Michel. Je voyais et je sentais son exaltation : il était arrivé, il jouait désormais dans la cour des grands. »
Cette proposition de collaboration avec celui qui était considéré comme l’un des artistes les plus importants de sa génération, lui servirait d’assise pour son art et de pouvoir diffuser son message politico-social sur la place des Afro-américains dans une société toujours très hantée par la ségrégation et sur la non-représentation des noirs dans l’art. L’occasion aussi de consacrer certaines de ses idoles comme Charlie Parker, Mohammed Ali, Duke Ellington, Sugar Ray Robinson, Jesse Owens ou Toussaint L’Ouverture.
Jean-Michel Basquiat, Andy Warhol, Collaboration (Dollar Sign, Don’t Tread on Me), 1984-1985 © The Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York / The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / The Andy Warhol Museum, Pittsburgh; Founding Collection / Licensed by ADAGP, Paris 2023
Sa rencontre avec Warhol en octobre 1982, regardée à l’aune des premières manifestations dans son travail est presque du domaine d’une admiration enfantine. Il portraiture Warhol avec lui, comme aujourd’hui, on ferait un selfie (Dos Cabazas, 1982), ou seul (Andy Warhol with camera, vers 1984) voire sur un mode presque iconoclaste en le représentant sous la forme d’une… banane (Brown Spots Portrait of Andy Warhol as a Banana, 1984) dans une sorte d’admiration-démythification du monument Warhol. La réplique ne se fait pas attendre du côté du pape du pop’art qui fait appel, comme quelquefois dans l’histoire de l’art, de puiser dans le passé pour le représenter en découpant le David de Michel-Ange et de le reconstituer (ou le déconstruire) avec des morceaux épars d’un Basquiat ayant posé en simple sous vêtement. Une sorte d’approche de l’un vers l’autre en jouant avec leur art comme pour sceller une entente. On sait que pour Warhol cette rencontre n’a pas été anodine. Lui, qui en a vu beaucoup, est subjugué, ébloui par « la fulgurance d’un talent si librement juvénile. ».
La collaboration artistique commence dès 1983, et à bas bruit d’abord, lorsque Basquiat apporte quelques « modifications » sur des sérigraphies de Warhol. Il impose sa marque en modifiant, recouvrant et ajoutant et quelques phrases sur des œuvres de petites dimensions de Warhol (Don’t tread on me, 1984-85) sur le mythique Dollar ou reprenant les contours de certaines petites œuvres représentant un crabe (Sharp Teeth, 1984-85) ou un homard (Lobster, 1984-85). Avant de rentrer dans une collaboration plus marquée comme avec Arm and Hammer II qui ouvre l’accrochage. Là, Warhol pose sur une toile deux logos de la marque de détergent Arm @ Hammer et passe l’œuvre à Basquiat qui, sur l’un des logos, fait intervenir un joueur de saxophone et pas n’importe lequel puisqu’une date, 1955, nous renseigne : il s’agit de celle du décès de Charlie Parker, avec le mot Liberty. Des petites œuvres qui signent la timidité des premiers pas de leur collaboration, celle-ci prend vite son essor et les toiles d’importance se font jour jusqu’à mesurer plusieurs mètres de long (United, 1984, 294 x 419 cm ; Olympic Rings, 1985, 206 x 466 cm ; Chair, 1985, 203 x 805 cm)
D’un atelier à l’autre…
Très vite, Bischofberger a aussi l’idée, comme dit plus haut, d’associer un troisième larron à l’aventure : le peintre italien Francesco Clemente (né en 1952) un artiste du mouvement italien de la Trans-avant-garde, mouvement dans lequel on retrouve les noms de Cucchi, Chia, Paladino entre autres. Cette collaboration à trois fera l’objet d’une première exposition, dans sa galerie zurichoise en 1984, réunissant 14 tableaux. L’univers de Clemente est aussi éloigné de Warhol et Basquiat que ces deux derniers
entre eux. Un drôle d’attelage qui va donner ces œuvres dans lesquelles il est parfois difficile de trouver des ponts entre elles comme traces d’une véritable fusion. Cette caractéristique est prédominante dans ce travail à plusieurs mains. Chacun semble travailler sans faire cause du travail des autres… même si, en étudiant plus avant leurs œuvres, on pourrait – peut-être – y trouver des interrogations ou des réponses en un dialogue, voire une complicité. Seul Basquiat, peut-être, se joue parfois et plastiquement, du travail de Warhol par des ajouts complémentaires comme dans Hellman’s Mayonnaise (1984-85) ou Eggs (1985) voire à phagocyter complètement le travail de Warhol, que l’on a des difficultés à percevoir dans African Masks (vers 1984) entièrement recouvert par l’apport de Basquiat.
On assiste alors à une sorte de « cadavre exquis » dans lesquels on reconnaît avec facilité l’empreinte de chacun, tant leur art propre est différent (ce qui n’était pas le cas par exemple de Braque et Picasso dans leurs œuvres cubistes), d’autant plus que ces œuvres ne furent pas élaborées de concert mais chacune à leur tour, les tableaux étant transportés d’un atelier à l’autre. Comme le note Clemente dans une interview dans le catalogue « Pour ce qui concerne les modalités de la collaboration, je ne me souviens pas qui a suggéré l’idée que chacun commence un tableau et le fasse circuler d’un atelier à l’autre. C’est peut-être moi, sans doute parce que j’étais le plus timide et le plus hésitant de nous trois, et que je pouvais plus facilement travailler calmement dans un cadre très privé. »
Clemente, timide…
Dans certaines de ces œuvres à six mains, on sent qu’il n’est pas question d’argumenter sur ce que les autres ont fait. Pour exemple dans Casa del Popolo, d’évidence de par le titre, il semble que cette grande toile ait été initiée par Clemente, suivi par Basquiat puis par Warhol qui, avec une sérigraphie qui couvre les 2/3 de la toile occultant presque complètement le travail de Basquiat. Clemente lui, ayant fait, dans un coin un personnage en pleine désolation pour ce qui va arriver. Difficile souvent de trouver l’ordre d’intervention de chacun, sinon à étudier les zones de recouvrement, mais Clemente semble très souvent être « invité » par les deux autres à coopérer et ses interventions laissent grande place à ses deux compères en apposant ses personnages dans la périphérie de l’œuvre, comme un invité leur laissant le champ libre pour emplir l’espace dont leurs digressions ont besoin (Horizontal painting et The Kiss, 1984).
Peut-être aussi doit-on cet état, comme il le reconnaît, à sa timidité. Ou lorsqu’il intervient d’évidence en dernier lieu, il se permet de tirer un peu plus la couverture à lui et à investir plus de la moitié de la surface peinte
Jean-Michel Basquiat, Andy Warhol, Arm and Hammer II, 1984-1985 © The Estate of Jean-Michel Basquiat / Licensed by Artestar, New-York. / The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. /Collection Bischofberger, Männedorf-Zurich, Suisse / Licensed by ADAGP, Paris 2023
comme dans Number 5 (1984) dans lequel il se « mesure » seul à Basquiat. Leur grande dissemblance se situe dans leur différence d’âge, de génération, tout autant que dans leur milieu de naissance et de formation. Warhol, après des études d’art, commence sa carrière dans la publicité et épouse la société de consommation dont il utilise – en en faisant nullement le procès – ses signes, ses accroches, sa signalétique, ses « personnages » et tout ce qui peu lui servir. Basquiat lui, enfant urbain, né il est vrai dans une famille de moyenne bourgeoisie – son père est expert comptable et sa mère adorait l’art et emmenait ses enfants dans les musées – une famille dont pourtant, il se détache à 18 ans après des études avortées. Il fait alors ses humanités dans la rue, les squats, la musique issue de la communauté afro-Américaine, donne à voir dans son art les préoccupations de du milieu qu’il fréquente. Naturellement les soirées « people » du Studio 54 et les excès de la Factory chers à Warhol ne peuvent donner une même approche artistique, que les squats downtown, les boites de jazz et de rap, la recherche d’un existence avec du sens qui est alors le quotidien de Basquiat.
Si, à son habitude, Warhol intervient en apposant sur la toile toute sa grammaire habituelle : légumes, fruits, logos (Paramount, Pontiac, Del Monte ou General Electric), silhouettes d’objets voire des publicités et autre Felix the Cat en ses habituelles propositions sérielles, il semble le faire avec ce que l’on pourrait qualifier d’une certaine désinvolture avec les mêmes sujets que l’on retrouve sur plusieurs œuvres.
Basquiat, quant à lui, trace sa voie, avec détermination. Ses interventions, très rarement en rapport avec celles de Warhol, sont avant tout des proclamations, des dénonciations, des écrits aussi sibyllins que symboliques à déchiffrer, imposant ses points de vue dans lesquels très souvent la défense de sa communauté est mise en avant : visages, silhouettes, portraits scarifiés, et même masques africains. Ces derniers sûrement en référence à l’exposition très remarquée au MoMA « Primitivism in 20th Century Art : Affinity of the Tribal and the Modern ». Il y a d’évidence, dans l’apport de Basquiat, tout un déchiffrement à effectuer sur lequel le catalogue (Éd. Gallimard / FLV) apporte une contribution bienvenue autant que nécessaire.
Michael Halsband, Andy Warhol & Jean-Michel Basquiat #1 New York City, July 10, 1985, 1985 © Michael Halsband / Courtesy de l’artiste
Un combat de boxe
Ce qui pourrait être perçu comme une collaboration, ne serait-ce pas plutôt une confrontation/admiration comme le reconnaît Suzanne Pagé, directrice artistique de la Fondation Louis Vuitton et commissaire générale de l’exposition : « une complicité entre jeu et joute, relayant et relançant défis et provocations mutuels » ? À l’image de cette étrange, autant que fascinante, série de portraits qui occupe toute une salle au centre de l’exposition. Une série dans laquelle les deux protagonistes, habillés en boxeurs, se prêtent à une sorte de combat-ballet dans lequel les coups pleuvent plutôt que les effusions. Le but était de faire une photo pour l’affiche de l’exposition Warhol / Basquiat chez Tony Shafrazi.
Comme photographe, Warhol avait pensé à Mapplethorpe, Basquiat, lui, imposant Michael Halsband dont il connaissait le travail. C’est en définitive Michael Halsband, photographe connu pour être celui de la scène musicale de l’époque, qui sera choisi. C’est aussi Basquiat qui a eu l’idée du « combat de boxe ». Si Basquiat joue le jeu enfilant, sur son caleçon, un short Everlast et pose torse nu ; Warhol, lui, plutôt réservé, ne veut pas poser de même (de plus, son abdomen étant fortement cicatrisé suite à la tentative d’assassinat dont il avait été victime en 1968) reste en col roulé et passe le short par-dessus son jean.
La séance photo commence par un vrai coup de poing porté par Basquiat à Warhol puis la séance se déroule en une heure en un ballet jusqu’à sa conclusion dans laquelle chaque protagoniste pose de face comme sur les vraies affiches de combat de boxe. C’est cette double photo qui sera retenue pour l’affiche de l’expo et qui fait aussi, aujourd’hui, celle de l’exposition à la Fondation Louis Vuitton. Une exposition événement qui devrait drainer, à l’habitude de la fondation, un public nombreux. Rappelons-nous que celle consacrée à Basquiat seul, en 2018, avait accueilli 700 000 visiteurs !
Une dernière séance…
Cette exposition chez Tony Shafrazi, en septembre 1985, sonnera la fin de leur travail à 4 mains. Une exposition qui, étonnement ne fut pas appréciée alors, tant sur le plan artistique comme commercial ! Cet accueil plus que mitigé poussa Basquiat, qui en attendait beaucoup, à cesser cette collaboration, ce qui ne les empêcha pas de continuer à se voir comme le précise Bischofberger : « Ils ne cessaient de s’appeler et d’aller manger ensemble. Warhol a continué de mentionner Basquiat dans ses journaux. Il n’y eut donc aucune animosité, aucune jalousie, aucun sentiment négatif d’aucune sorte. ».
Keith Haring dira à propos de ces peintures à quatre mains « [qu’]elles sont véritablement une invention de ce que William S. Burroughs a appelé The Third Mind (le troisième esprit), c’est-à-dire la fusion de deux esprits extraordinaires qui en créent ainsi un troisième, unique et totalement distinct. » Reste ce moment unique entre un artiste installé et un autre en pleine ascension, comme un passage de témoin de notoriété à une époque où celle-ci faisait (et fait encore) l’alpha et l’oméga de nos sociétés. Basquiat en « profitera » surtout de façon posthume, il survivra que d’une année à son aîné. Depuis, ils sont, tous deux, sur un pied d’égalité.
Fondation Louis Vuitton, 8 avenue du Mahatma Gandhi, Paris (16e).
À voir jusqu’au 22 septembre
Tous les jours sauf le mardi, de 12h à 20h, le vendredi jusqu’à 21h et le samedi jusqu’à 23h
Accès
Métro : ligne1. Station Les sablons (950m)
Bus : Ligne 73. La Garenne-Colombes – Charlebourg
Navette : sortie n°2 de la station Charles de Gaulle Étoile – 44 avenue de Friedland (75008)
Site de l’exposition : ici
Catalogue
Basquiat x Warhol, à quatre mains
Sous la direction de Dieter Buchhart et Anna Karina Hofbauer . Préface de Suzanne Pagé
Co-édition Fondation Louis Vuitton / Gallimard 320 pages et 6 dépliants. 49,90 €
Nous reviendrons en détail, dans une recension future, sur cet indispensable outil.