La dernière exposition monographique parisienne consacrée à Suzanne Valadon remonte à plus d’un demi-siècle ! C’est dire si la présentation de son œuvre au Centre Pompidou fera date. Suzanne Valadon modèle, puis peintre, mère de Maurice Utrillo développera un art à aucun autre pareil. Sans formation, elle va révéler une maitrise du portrait et du nu dans un réalisme sans fioriture, sans concession ni recherche de séduction, mais avec le souci constant de rendre au mieux la condition et l’humanité de ses modèles.
Exposition Suzanne Valadon au Centre Pompidou jusqu’au 26 mai 2025
La Chambre bleue, 1923 © Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne / Ph. : MNAM-CCI/Jacqueline Hyde/ Dist. GrandPalaisRmn
Henri de Toulouse-Lautrec. La Grosse Marie, 1884 © Von der Heydt-Museum Wuppertal
Suzanne Valadon. Portrait d'Erik Satie, 1892-1893 © © Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne / Ph. : D.R.
Suzanne Valadon. Catherine nue allongée sur une peau de panthère, 1923 © Lucien Arkas Collection / Ph.: Hadiye Cangokce
Suzanne Valadon. Les Dames Rivière, 1924 © Coll. part. P&GS
Suzanne Valadon. L’Avenir dévoilé ou La Tireuse de cartes, 1912 © Amis du Petit Palais, Genèvre / Ph. : D.R.
Anonyme. Suzanne Valadon entourée de deux chiens, vers 1930 © Centre Pompidou, bibl. Kandinsky / Ph. : MNAM-CCI/Ph. Migeat/ Dist. GrandPalaisRmn
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Il faut le constater, peu de femmes ont eu, depuis l’ouverture du Centre, l’honneur qui est fait, en ce printemps, à Suzanne Valadon (1865-1938). Le choix est étonnant, d’autant qu’habituellement la programmation du Centre Pompidou est plutôt axée sur la seconde moitié du XXe siècle et sur la scène contemporaine. Cette présentation a au moins pour mérite de mettre en lumière cette artiste encore peu connue, une artiste singulière qui semble avoir ignoré tous les « ismes » de son temps pour travailler dans une manière qui lui est particulière et reconnaissable. Son corpus est essentiellement axé sur le portrait et le nu et moindre sur la nature morte et le paysage, des thèmes qu’elle abordera tardivement, et qui ne sont pas le meilleur de son travail. Une exposition forte de plus de 210 œuvres comprenant dessins, peintures, estampes, documents, photos ainsi que quelques œuvres de ses contemporains en rapport avec elle ou son œuvre.
Autoportrait, 1883 © Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne / Ph. : D.R.
Adam et Eve, 1909 © Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne / Ph. : MNAM-CCI/B. Prevost / Dist. GrandPalaisRmn
« Je peins les gens pour apprendre à les connaître », disait-elle, et le portrait est la part la plus importante de son œuvre. Ceux-ci sont, à l’image de ceux d’un Goya, sans fioriture, sans concession ni recherche de séduction. Elle peint frontalement, dans des décors bourgeois, meublés ou tendus de rideaux et de tissus imprimés de motifs colorés et floraux, qui ne sont pas sans rappeler les mises en scène des odalisques de Matisse. Elle se rapprochera encore plus du nordiste avec des nus dans ces mêmes décors. Ses sujets ? Son fils Maurice (Utrillo), son compagnon André Utter, des amis et des connaissances, brossés dans une vérité sans fard qui donne à voir, d’une manière souvent très réaliste, la condition sociale de ses modèles. Beaucoup de femmes avec enfant, chat, fréquemment assisses. Pour la plupart, des portraits de commande, de bourgeoises, femmes et hommes de la classe moyenne mais aussi notables, et autres chefs d’entreprise qui font bouillir sa marmite.
À noter, cette œuvre cette œuvre iconique de 1923, La Chambre bleue. Une femme habillée d’une sorte de pyjama dans un décor de rideaux, allongée sur un lit comme une odalisque mais à la stature massive, au regard droit et… fumant, symbole d’une transgression. Une figure de l’émancipation, une femme entre deux siècles, résolument libre, affirmée… Peut-être une projection d’elle-même à s’affranchir des codes de son temps et d’un métier encore principalement aux mains des hommes ? Elle n’hésite pas non plus à s’autoportraiturer en se dessinant ou se peignant nature. Son premier autoportrait, daté de 1883, ouvre l’exposition.
Des nus sans concession
Peut-être autant, sinon plus, le nu révèle parfaitement l’ADN de son œuvre. Des corps dénudés de tout artifice se présentent face à elle, dans la vérité de leur nudité. Des femmes dans des poses naturelles, évidentes, voire académiques (Femme nue à la draperie, 1919 ou Nu allongé sur un divan, 1922) ou sous un angle inhabituel (Catherine nue allongée sur une peau de panthère, 1923) ou encore, d’autres aux accents plus ambigus, à l’image de ces couples de femmes (Deux figures, 1909 ou Les Baigneuses, 1923). Comme pour ses portraits, ses nus sont dans leur décor du quotidien, sur fond souvent chamarré ou dans des actes du quotidien, la toilette souvent, à l’image de Degas, son mentor, dont les femmes au bain sont, avec ses danseuses, son thème de prédilection.
Portrait de Maurice, 1921 © Ville de Sannois, en dépôt au musée de Montmartre / Ph.: D.R.
Marie Coca et sa fille Gilberte, 1913 © Lyon, musée des Beaux-Arts / Ph. : Alain Basset
Son travail sur le nu féminin nous montre des modèles peints dans leur vérité naturelle, et non de ces nus trop souvent peints dans une dimension sensuelle, voire érotique. Le nu fait aussi l’objet de nombreuses esquisses, de feuilles accomplies, des instantanés de vie, qui sont quelquefois des préludes à l’œuvre peint. Pour ce faire, Degas l’avait initié à l’utilisation du papier calque, permettant des reports du dessin à la toile. Un dessin acéré et souple à la fois, sans repentirs, qui prouve toute l’acuité de son regard à capter des moments de vie. Le dessin, elle ne l’a pas appris dans des académies, mais dans les ateliers des artistes pour lesquels elle posait, en les observant, comme si elle avait deviné tôt quel devait être son destin.
Sans le savoir, ils furent son école des beaux-arts. Une belle place leur est consacrée ici, des feuilles rarement vues, prouvant toute la virtuosité et la dextérité de sa main et de son regard. Elle dessinait, pour tromper le temps, et, peu à peu, s’est prise au jeu comme un dérivatif, une bouffée d’oxygène, pour ne pas voir ce fils adoré que l’alcool plonge dans des états de démence et qui la rend folle. « C’est vrai que j’étais enragée – confidence reprise par Michel Peyramaure – je ne voulais pas faire de beaux dessins pour être encadrés. Mais juste bons dessins pour suspendre un instant de vie, en mouvement, tout en intensité ». On retrouve, dans ses tableaux, cette pratique du dessin dans les fins cernés noirs qui entourent les personnages.
Les hommes aussi…
On retrouve aussi, dans son œuvre, quelques rares nus masculins, qu’elle semble réserver à d’importants tableaux. Trois œuvres magistrales, mettant en scène des hommes nus, l’acmé de l’exposition. Dans Adam et Ève, une œuvre de 1909, cette évocation biblique est avant tout un autoportrait de son couple. Elle se représente nue aux côtés de son compagnon André Utter. Œuvre charnière, c’est à cette époque qu’elle abandonne le dessin pour la peinture. Adam et Ève, un thème beaucoup rebattu dans l’histoire de l’art et pourtant, elle réussit à y apporter une vérité, presque une candeur (de l’amour ?) à peindre son couple dans un éden qu’assombrit (déjà ?) les ombres inquiétantes d’arbres en arrière-plan. Le naturalisme la poussera à peindre jusqu’à l’organe masculin de son Adam… Organe qu’elle cachera sous la traditionnelle feuille de vigne pour que l’œuvre soit admise au Salon des Indépendants de 1914.
Trois nus, 1920 © Coll. part. / Courtesy Galerie de la Présidence, Paris
Portrait de famille, 1912 © Paris, musée d’Orsay, en dépôt au MNAM / Ph. : GrandPalaisRmn / Ch. Jean / J. Popovitch
Des nus encore dans cette œuvre de plus de 2 mètres, Joie de vivre de 1911 (prêtée par le Metropolitan Museum of Art de New York) où elle reprend une mise en scène qui, dans sa forme, n’est pas sans rappeler les Cinq Baigneuses de Cézanne avec, toutefois ici, des femmes au sortir du bain et s’essuyant alors qu’un homme, nu lui aussi, les observe les bras croisés. On pense naturellement au Jugement de Pâris, un concours de beauté mythologique organisé par Zeus qui demande à Pâris laquelle des trois déesses – Athéna, Héra et Aphrodite – est la plus belle. Dans une manière résolument moderniste, Suzanne Valadon met ici – à contrario du Déjeuner sur l’herbe de Manet – l’homme sur un pied d’égalité avec les baigneuses – sans ce trop souvent « male gaze » – il semble être là plus en admirateur, voire en simple témoin, qu’en homme dominant. Fait rare dans son œuvre, il en existe une autre version, plus petite, datée elle aussi, de 1911, qui fut accrochée dans l’exposition Valadon à Nantes en 2023.
Et enfin, la masculinité dans toute sa splendeur avec ces lanceurs de filet (Le lancement du filet, 1914) un trio, mais en fait le même homme (Utter là encore, est de la partie), dans des poses académiques, athlétiques, un brin érotiques, décomposant le mouvement du lancer. Des corps masculins qui ne sont pas sans rappeler certains nus de Caillebotte. Ce tableau sera le dernier qu’elle peindra consacré aux nus masculins.
Une enfance sur la Butte
La vie de Suzanne Valadon (née Marie Clémentine Valadon) est une vie chaotique, bousculée, dans laquelle exister peut expliquer en partie son œuvre. Née à Bessines-sur-Gartempe, une commune de la Haute-Vienne, le 23 septembre 1865, d’une mère lingère et de père inconnu, un homme de passage, et à qui la petite Marie Clémentine se plait à lui imaginer une vie rêvée. La gamine a 5 ans lorsque sa mère « monte » à Paris et s’installe à Montmartre. Le destin sonne son premier coup. Montmartre est alors la patrie des rapins qui trouvent facilement, et pour pas cher, à se loger et à écumer les nombreux cabarets et cafés de ce quartier encore campagnard. Pour échapper aux engueulades maternelles que génèrent la misère, la gamine s’échappe souvent du galetas maternel pour la rue, un domaine à explorer. Sa mère la case chez les bonnes sœurs pour tenter une éducation qu’elle délaisse vite, et rêve sur le boulevard.
Joie de vivre, 1911 © Metropolitan Museum of Art, N.Y. Ph.: The Metropolitan Museum of Art / Dist. GrandPalaisRmn
Elle écume, à 11 ans, tous les petits boulots qui se présentent. À tout juste 14 ans, gracieuse, elle sent déjà le regard des hommes. L’un d’entre eux l’entraine rue Bénouville où un certain Ernest Molier, qui a créé un cirque, est en recherche des jolis minois. Éblouie par les lumières et les costumes, la jeune Marie Clémentine est subjuguée et voit là un monde nouveau : elle sera acrobate ! Mais une mauvaise chute la renvoie à la case départ. Pourtant, tout n’est pas si négatif, privée de piste, elle investit les ateliers des peintres de Montmartre et rejoint la kyrielle de jeunes femmes exploitées – et souvent plus – par les artistes du cru. L’important est de ramener à la maison de quoi aider sa mère.
Jean-Jacques Henner est le premier à lui ouvrir la porte de son atelier… Suivit de beaucoup d’autres, pour lesquels elle pose sans pudeur et sans être trop farouche non plus. « Sa beauté et son endurance à tenir la pose font d’elle un modèle idéal… » dixit Cécile Le Bacon.
Elle vit la vie chaotique des modèles qui passent facilement de l’atelier à l’alcôve. Elle ne laisse pas de marbre Renoir. Elle sera virée par Aline Charigot – la future madame Renoir – qui ne supportera pas de la retrouver dans les bras de « son » peintre ! Elle pose pour, entre autres, son tableau Danse à la ville, qui, si on en croit l’historienne d’art et critique Jeannine Warnod, verra Aline demander à son compagnon d’effacer le visage de Suzanne de la toile et de la remplacer par le sien !
Toulouse-Lautrec, lui aussi, en fait son modèle. Ils ont le même âge et vont vivre une liaison enflammée. Dans les ateliers, elle est « Maria la terrible », preuve d’un caractère bien trempé ! Ce prénom de Suzanne, c’est Toulouse-Lautrec qui lui soufflera : « Toi qui poses nue pour des vieillards, je t’appellerai Suzanne ! » en référence au chapitre biblique Suzanne et les vieillards. Leur liaison tourne au vinaigre, revanchard, le peintre laissera d’elle un portrait peu flatteur (La Grosse Maria, Vénus de Montmartre, 1884).
D’ateliers en ateliers, on la voit aussi chez Puvis de Chavannes, Louis Forain ou Théophile-Alexandre Steinlen et de nombreux autres. Elle écume Montmartre, et ses troquets. Au Clou, fameux restaurant au pied de la Butte, elle fait la connaissance Erik Satie qui s’éprend d’elle… Brève rencontre. Elle cherche un protecteur et parmi ses rencontres, celle d’un certain Miquel Utrillo y Molins un ingénieur, un peu peintre lui aussi et décorateur à ses heures, la fait succomber. Elle a à peine 18 ans qu’elle tombe enceinte des œuvres du catalan… De lui ou d’un autre ? Elle le déclare de père inconnu et élèvera seule son fils, Maurice, né en décembre 1883. Le catalan est reparti… Mais le reconnaîtra un peu plus tard. Maurice Valadon, devient Maurice Utrillo, et signera, toute sa vie de peintre, ses tableaux en intercalant le V de Valadon dans sa signature.
Son fils sera le grand amour de sa vie. Le gamin est confié à sa grand-mère et vivra une adolescence, elle aussi, chahutée. L’alcool déjà, à peine adolescent. Il fera, au grand désespoir de Suzanne, plusieurs séjours en hôpital psychiatrique.
Degas la prend sous son aile
C’est à ce moment qu’elle entre en art. Elle dessine beaucoup, un premier autoportrait au pastel, qu’elle signe de son nom, est présenté ici en ouverture de l’accrochage. Grâce à Toulouse-Lautrec, elle trouve à se loger dans la maison qu’il habite, rue Tourlaque. Elle le suit dans ses virées du tout Montmartre de la nuit, cabarets, bars et autres lieux. Le sculpteur Paul-Albert Bartholomé, dont elle est le modèle, qui a vu ses dessins, la présente au bougon Edgar Degas. Le maître des danseuses trouve ses esquisses intéressantes. Il s’exclame : « Vous êtes des nôtres ! ». Elle devient son élève et il lui achète même quelques dessins. Elle ne posera jamais pour lui, mais il aura fait naître, en elle, l’artiste qu’elle va devenir.
Le Lancement du filet, 1914 © Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne / Ph. : Centre Pompidou, MNAM-CCI/J. Hyde/ Dist. GrandPalaisRmn
La Famille Utter, 1921 © Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne / Ph. : D.R.
Un mariage anecdotique en 1896 avec un agent de change, Paul Moussis, présenté par Erik Satie, lui donne un peu de confort. Le couple s’installe au 12 rue Cortot, à deux pas de la place du Tertre. Une maison qui, aujourd’hui, abrite le musée de Montmartre et dans lequel on peut voir l’atelier de Suzanne préservé. Le mariage ne durera qu’une dizaine d’années. Période pendant laquelle, la peintre Valadon a commencé à faire son chemin. Elle expose quelques dessins, dès 1893, en galerie, chez la découvreuse Berthe Weil, puis au salon de la Société des Beaux-Arts en 1894. Elle se sent enfin artiste ! En 1909, elle est sélectionnée au Salon des Indépendants, puis au prestigieux Salon d’Automne, dont elle devient sociétaire jusqu’en 1933.
À la même époque, à Montmartre, elle fait la connaissance d’un jeune peintre, André Utter, de trois ans plus jeune que Maurice et ami de ce dernier. Utter le ramène souvent au matin de ses beuveries de la nuit. Il sera son « Adam » et son amant. En 1910, elle divorce de Paul Moussis pour convoler avec André Utter. Maurice supporte mal que sa mère se « mette en ménage » avec son copain, de 25 ans plus jeune qu’elle. Suzanne, André et Maurice, une trinité de peintres investit la rue Cortot. Car Maurice peint lui aussi et est assez vite repéré. Il vend plus d’œuvres que sa mère ! Le trio fera, par la suite, l’objet de plusieurs expositions ensemble. Rue Cortot, cette « Trinité maudite » ( pour reprendre le titre de l’ouvrage de Robert Beachboard ) « se bagarrait à longueur de journée, se lançant à la tête leurs instruments, palettes, pinceaux, tubes de couleurs. Une façon d’exprimer leur colère contre Maurice » raconte Jeannine Warnod qui a vécu longtemps à Montmartre et a interrogé les témoins du trio. Un Maurice que la police ramène souvent au bercail en pleine nuit ou au petit matin…
Enfin, la reconnaissance !
Et pourtant, Suzanne rêve d’une famille sinon idéale, du moins normale. Son portrait de groupe (Portrait de famille, 1912) est comme une bouée jetée sur la toile, le mari (Utter), la femme (elle, hiératique), l’enfant (Maurice) et jusqu’à la grand-mère aux rides marquées. Elle semble, là, s’affirmer chef de cette famille un brin dissolue.
Les Baigneuses, 1923 © Musée d’Arts de Nantes / Ph.: D.R.
La Poupée Délaissée, 1921 © National Museum of Women in the Arts, Washington D.C / Photo by Lee Stalsworth
En 1923, le couple achète un château au nord de Lyon pour tenter d’éloigner Maurice de Montmartre, espérant le sevrer. Peine perdue. De plus, Utter n’est pas des plus fidèles et profite largement de l’argent ramené au bercail par Suzanne, mais aussi et surtout par Maurice. Le couple se délite et, en 1933, se sépare. Utter reste rue Cortot, Suzanne et Maurice investissent un appartement au 12 avenue Junot, toujours à Montmartre.
Elle, développe de plus en plus, une clientèle bourgeoise qui monte à Montmartre se faire « tirer le portrait ». Une production de commande qui voit docteurs, hommes d’affaire, collectionneurs et même Paul Pétridès qui deviendra, en 1937, le galeriste de Maurice. Il organisera plusieurs expositions posthumes de l’œuvre de Suzanne Valadon, en 1942, 1959 et 1962. Il publiera en 1971 le catalogue raisonné de son œuvre.
Le succès est là ! Après avoir été admise au Salon d’Automne en 1920, elle expose à l’Exposition internationale d’Art moderne de Genève, et aussi ailleurs en Europe, à Prague, Bruxelles et même à New York ! Bernheim-Jeune lui signe un contrat, elle se retrouve aux côtés de certaines gloires de son temps ! Elle achète un appartement avenue Junot, à Montmartre, grâce à l’argent des ventes de ses tableaux et de ceux de Maurice. Ce sera sa dernière résidence. Peu habituée à « être riche », elle dépense beaucoup et s’inquiète pour le devenir de son fils quand elle ne sera plus là. Elle lui trouve une épouse, Lucie Valore… Qui prend en main, fermement, Maurice. Mais là est une autre histoire.
Sa fortune envolée, dilapidée, Suzanne hantera les rues de Montmartre. « Tant que j’ai eu Maurice, ma vie avait un sens… Mon œuvre ? Elle est finie… », paroles confiées à Jeannine Warnod. Elle s’éteint entourée de quelques amis peintres, avenue Junot, le 7 avril 1938. Elle laisse derrière elle une œuvre forte de près de 500 toiles et 300 œuvres sur papier. « Elle fut l’égale des plus grands peintres masculins de son temps » écrira Georges Charensol dans son compte-rendu de l’exposition Valadon au Musée national d’Art moderne en 1967…
Centre Pompidou, place Georges Pompidou (4e).
À voir jusqu’au 26 mai 2025
Tous les jours de 11h à 22h (fermeture des espaces d’exposition à 21h)
Le jeudi jusqu’à 23h (uniquement pour les expositions temporaires du niveau 6)
Accès :
Métro : Rambuteau (ligne 11), Hôtel de Ville (lignes 1 et 11), Châtelet (lignes 1, 4, 7, 11 et 14)
RER : Châtelet Les Halles (lignes A, B, D)
Bus : 29, 38, 47, 75
Site de l’exposition : ici
Catalogue
Suzanne Valadon
Sous la direction Chiara Parisi
280 pages. 240 illustrations. 42 €