À l’habitude, ce début d’année voit le retour des salons de printemps. En chef de file le très attendu Salon du Dessin qui, depuis plus de 30 ans, attire les collectionneurs du monde entier. En même temps, s’installera au Carreau du Temple un autre salon du dessin, Drawing Now, dont la spécificité est le dessin contemporain. On retrouvera, comme l’an passé, Paris Print Fair pour sa troisième édition. Un salon dédié aux estampes dans toute la variété de ses pratiques. Et enfin, début avril, s’installera au Grand Palais Éphémère la 26ème édition d’Art Paris, la grande foire généraliste de printemps.
En plus de 30 années d’existence, le Salon du Dessin est aujourd’hui reconnu comme le meilleur salon au monde sur la spécialité © Ph.: Woytek Konarzewki
SALON DU DESSIN 2024
Olivier Bro de Comères (1812-1874) L’artiste assis dessinant des agaves près d’Alger © De Bayser
Marcel Gromaire (1892-1971) Au cabaret, 1925 © Galerie de la Présidence
Maurice Estève (1904-2001) Sans Titre, A.133, 1957 © François Delestre Fine Arts
32e édition pour ce salon consacré au dessin du XVIIe au XXIe siècle. Un salon très couru, fort seulement d’une quarantaine de participants, qui draine le meilleur des exposants pour un public d’amateurs avertis. En plus de 30 années d’existence, le Salon du Dessin est aujourd’hui reconnu par tous d’un haut niveau, voir même comme le meilleur salon au monde sur la spécialité ! Ceci grâce à deux paramètres qui peuvent paraître évidents et qui, ici, se conjuguent à merveille : les meilleures galeries, présentant des œuvres de grande qualité et souvent inédites sur le marché. Trop souvent considéré comme le parent pauvre dans l’œuvre d’un artiste – ce qui n’est en rien vrai – le dessin peut s’avérer être une belle initiation au monde de l’art pour les collectionneurs débutants, constituant souvent aussi une approche financièrement plus abordable pour acquérir des œuvres d’artistes reconnus. De plus en plus prisé, il est pour beaucoup d’amateurs le the unique de leur collection.
Le dessin a échappé très tôt à la destination commerciale qui fut celle de la peinture, et ne fascinera les élites qu’à partir du XVIIIe siècle. « Le dessin correspond à la sensibilité d’aujourd’hui où l’image est fondamentale » analyse l’un des membres organisateurs du Salon du Dessin. Un goût qui résulte aussi de l’attention que l’on porte de nos jours à l’artiste grâce à ce média qui permet d’accéder au monde secret et intime de l’élaboration de l’œuvre peint ou d’une décision de l’utiliser comme une démarche autre. Car le dessin s’avère aussi être un exercice différent et d’y mettre autant de talent et de recherche que dans leurs œuvres faites par ailleurs. Le dessin, enfin, permet d’aborder l’art ancien avec non seulement un choix plus vaste qu’en peinture et à des prix qui souvent sont très éloignés des œuvres sur toile, chères et rares. Le tout étant de bien choisir ses « feuilles » et de se faire conseiller.
Trente-neuf exposants, pas un de plus
Le salon du dessin est la foire préférée des galeries, juste après la Tefaf, selon une étude effectuée par The « Artnewspaper ». L’an dernier, le salon avait attiré plus de 13 000 amateurs, un chiffre en augmentation, pour admirer les stands des 39 exposants, les meilleurs de la spécialité. Cette année, on reporte le même nombre de participants, preuve de la sévérité de la sélection.
Durant cinq jours, dans les allées aujourd’hui calmes et même un brin sépulcral de ce qui fut le temple du capitalisme français, 22 galeries françaises et 17 étrangères venant de 8 pays différents, vont proposer des œuvres parmi les plus belles et prestigieuses disponibles sur le marché. Des œuvres d’artistes couvrant plusieurs siècles et plusieurs médias. Cette 32e édition se singularise par l’entrée de 4 nouveaux exposants : la galerie romaine Paolo Antonacci, le londonien Emanuel von Baeyer, François Delestre Fine Arts, qui a ouvert une antenne à Paris après de nombreuses années à Londres. Et enfin, la Galerie 1900-2000, qui montrera une large sélection d’œuvres sur papier liées au surréalisme et aux avant gardes du XXe siècle en cette année de commémoration du centenaire du surréalisme.
Des accrochages monographiques seront aussi présents sur le stand de certaines galeries. La galerie François Delestre Fine Art nous offre pour sa première participation au Salon du dessin, une magnifique sélection d’une dizaine d’aquarelles de Maurice Estève, réalisées entre les années 1960 et 1990, la meilleure période de l’artiste. La
Mary Cassatt (1844 –1926) Portrait de Pierre, vers 1906 © Galerie Éric Coatalem
galerie de la Présidence, elle, nous exposera une sélection d’œuvre de Marcel Gromaire, le poulain de la galerie, figure incontournable du XXe siècle qui, paradoxalement, reste encore très abordable. Françoise Chibret-Plaussu, est à l’initiative, en collaboration avec François Gromaire, de la réalisation des catalogues raisonnés de l’artiste. Pour le Salon du Dessin 2024, la galerie présentera un ensemble d’œuvres exceptionnelles qui illustrent des scènes de cirque, de danse ou de cabaret.
Et enfin, la galerie Bottegantica présentera une sélection d’œuvres des XIXe et XXe siècles, dont un focus particulier sera consacré à Giovanni Boldini (1842-1931) portraitiste italien de talent, reconnu aussi comme l’un des artistes les plus sensibles de la Belle Époque.
Comme toujours, des expositions accompagneront le salon, à commencer par une exposition muséale consacrée à Jean Dubuffet et confiée à la Fondation Dubuffet et sera l’un des premiers évènements en 2024 à célébrer les 50 ans d’existence de la fondation. À travers une sélection de 55 œuvres sur papier réalisées entre 1935 et 1985, la Fondation Dubuffet veut montrer la variété des techniques et leur emploi inventif par l’artiste. En effet chez Dubuffet, le papier parle : il est un support parfois brutalisé, gratté, peint, découpé ou assemblé.
L’autre invitée d’honneur sera la Tavolozza Foundation, fondée en 2001 par la collectionneuse de dessins Katrin Bellinger. Une collection ayant pour the l’artiste au travail et sa collection comprend aujourd’hui plus de 1800 dessins, peintures, gravures, photographies et sculptures, de la Renaissance à nos jours, dont une sélection sera exposée au sein du Salon du dessin. Et enfin, comme tous les ans sera décerné le Prix de dessin contemporain de la Fondation Daniel & Florence Guerlain distingue chaque année un lauréat parmi trois artistes sélectionnés par une commission de sept experts. Les trois nommés du Prix 2024 sont la Libanaise Lamia Joreige, née en 1972, l’Israélien Amir Nave, né en 1974 et le Grec Christos Venetis, né en 1967.
Salon du Dessin, du 20 au 25 mars 2024
Palais Brongniart, Place de la Bourse, Paris 2e
Ouvert de 12h à 20h du mercredi 20 au vendredi 22 mars.
Nocturne le jeudi jusqu’à 22h.
Samedi et dimanche de 11h à 20h et lundi 25 mars de 12h à 19h.
Accès
Métro : station Bourse (ligne 3) ou station Grands Boulevards (lignes 8 et 9)
Bus : ligne 39 arrêt bourse dans un sens et Grands boulevards dans l’autre
Site du salon : ici
DRAWING NOW, LE SALON DU DESSIN CONTEMPORAIN
Helmut Staellerts Man, 2022 © courtesy Parliament
Pierre Tal Coat, Sans titre, circa 1978 © Bertrand Michau, ADAGP. Courtesy Galerie Berthet-Aittouarès
Lenny Rébéré, Sans titre, 2023 © courtesy Galerie Isabelle Gounod
Pour sa 17e édition, ce salon retrouve à son habitude le Carreau du Temple, un salon qui est devenu, en bientôt deux décennies, une manifestation reconnue, attendue, véritable pendant pour le contemporain de celui de la Bourse. Il s’est internationalisé aussi et accueille 38% de galeries étrangères venues de 14 pays sur les 73 attendues, dont 40% de nouvelles participations. Drawing Now peut s’enorgueillir de plus de 20 000 visiteurs l’an passé !
Le salon se divise en trois sections. Un secteur général qui accueille des galeries déjà bien établies et qui présenteront un artiste en focus sur au moins 30% de la surface totale de leur stand. Un second secteur appelé Insight qui permettra aux visiteurs de découvrir de nouveaux artistes, français ou internationaux, présentés en solo ou en duo par des galeries émergentes ou plus confirmées. Et enfin la section Process ouvrant la voie aux nouvelles approches du dessin contemporain : vidéos, dessins animés, regards croisés entre plusieurs pratiques artistiques autour du dessin.
Ce rendez-vous de découvertes permettant l’acquisition, à des prix pour certains très abordables, d’œuvres d’artistes en devenir ou émergents, mais qui a surtout pour mérite premier de présenter des artistes souvent peu vus et exposés, à côté d’autres reconnus et majeurs. Et naturellement, le Prix Drawing Now sera décerné pour la 8e fois à un jeune artiste. L’an passé, c’est le bulgare Michail Michailov qui fut récompensé.
Drawing Now du 21 au 24 mars 2024
Carreau du Temple, 4 rue Eugène Spuller (3e)
Ouvert de 11h à 20h (jusqu’à 19h le dimanche)
Accès
Métro : Ligne 1 stations : Saint-Paul ou Hôtel de Ville
Ligne 8 station Filles du Calvaire
Lignes 5, 3, 8, 9 et 11 station République
Bus : Lignes 20, 56, 75 et 91 Arrêt République
Lignes 75 et 20 : Arrêt Square du Temple
Ligne 29 Arrêt Tournelles-Saint Gilles ou Payenne
Ligne 75 Arrêt Archives-Haudriettes
Ligne 96 Arrêt Saint-Claude
Site du salon : ici
PARIS PRINT FAIR
Rembrandt Harmenszoon van Rijn (1606-1669) Portrait d’un jeune garçon © Courtesy Galerie Jurjens Fine Art
Kawase Hasui (1883–1957) Full Moon at Kankai Pavillon, Wakanoura beach © Galerie Bei der Oper
Edouard Martin (né en 1950) Sans titre © Courtesy Galerie Grillon
Dernier venu, Paris Print Fair, est un salon consacré essentiellement à l’estampe. Il nous revient cette année pour sa troisième édition, suite au succès rencontré lors de ses précédentes éditions. On peut s’étonner qu’il n’y ait pas eu, depuis la disparition du regretté Salon de l’Estampe et du dessin en 2016, un remplaçant de ce dernier depuis près de 10 ans ! C’est donc chose faite avec ce salon qui propose donc un grand choix d’estampes, appelés aussi multiples, ce terme générique qui recouvre toutes les techniques de multiplication d’une œuvre – gravure sur cuivre, bois ou acier, lithographie, sérigraphie, chalcographie, xylographie, linogravure… – dans des tirages contrôlés et encadrés, à savoir de quelques unités à plusieurs dizaines. Tous les plus grands artistes se sont prêtés à l’exercice et ont créé des œuvres originales à cette fin. Paris Print Fair présentera des œuvres allant de Dürer et Rembrandt jusqu’à des créations contemporaines en passant par des estampes venues du Japon et d’autres pays. L’estampe est un moyen d’accéder à des œuvres de grands, moins grands, voire émergents artistes pour un coût naturellement nettement moindre que leurs œuvres uniques sur toile ou papier.
À l’occasion de cette troisie édition, le Comité national de l’estampe, l’association Les Amateurs d’Estampes et la Chambre Syndicale de l’Estampe, du Dessin et du Tableau s’associeront pour décerner annuellement un prix doté, intitulé Prix Henri Beraldi de la recherche sur l’estampe, couronnant une thèse de doctorat sur l’estampe soutenue dans une université française ou un ouvrage (essai ou catalogue raisonné, hors catalogues d’exposition) publié en France. Toutes les périodes de création et toutes les techniques confondues.
Ce salon réinvestit le Réfectoire du couvent des Cordeliers. Cette nouvelle édition accueillera vingt exposants, membres associés de la Chambre Syndicale de l’Estampe, du Dessin et du Tableau (CSEDT), et qui ont sélectionné leurs plus belles estampes du XIVe au XXe siècle.
Paris Print Fair, du 21 au 24 mars 2024
Réfectoire du couvent des Cordeliers
15, rue de l’École de médecine Paris 6e
De 11 h-20 h. Dimanche 24 mars de 11 h-18 h
Accès
Métro : stations Saint-Michel (ligne 4) et Odéon (Lignes 4 et 10)
Bus : arrêts Saint-Michel (lignes 21, 27, 70, 87 et 96) ou Odéon (lignes 56, 70, 86, 87 et 96)
RER : B et C station Saint-Michel
Site du salon : ici
ART PARIS ART FAIR 2024
André Masson (1896-1987) Tragédiens, 1933 © Courtesy Galerie Jacques Bailly
Jean Hélion (1904-1987) Le Second royaume © Courtesy Galerie Patrice Trigano
Maria Helena Vieira da Silva (1908-1992) La Ville tentaculaire, 1954 © Courtesy Galerie Jeanne Bucher Jeager
Avril c’est aussi le retour au Grand Palais Éphémère de la 26e édition d’Art Paris, cette foire printanière, éclectique plus proche et un peu moins élitiste que sa consœur automnale Paris + by Art Basel. Art Paris nous propose, son habituel survol de l’art moderne et contemporain, tous médias confondus. Quelques chiffres : 136 galeries ont été sélectionnées sur 291 candidatures, on trouvera 60% de galeries françaises, 42 nouvelles participations et 25 pays représentés. Et enfin, Art Paris draine chaque année environ 82 000 visiteurs.
La sélection 2024 se distingue par la toute première participation de galeries européennes qui font la tendance en art contemporain : Esther Schipper (Berlin, Paris), Peter Kilchmann (Zurich, Paris), Meessen (Bruxelles), Michel Rein (Paris, Bruxelles) ou encore Richard Saltoun (Londres, Rome). Celles-ci sont rejointes par les galeries Poggi et Frank Elbaz et les galeries poids lourds comme Continua, Lelong & Co., Almine Rech ou Perrotin qui font leur retour. Avec 60 % d’exposants français, Art Paris met en avant la richesse de l’écosyste des
galeries hexagonales : des enseignes incontournables en art moderne et contemporain aux galeries de régions tout en passant par le soutien aux plus jeunes structures.
Parmi les 40 % de galeries étrangères, la présence internationale se renforce avec l’arrivée de la New-Yorkaise Bienvenu Steinberg & J, la Kényane Circle Art Agency, l’Iranienne Etemad ou encore la Londonienne Soho Revue. La présence de l’art moderne, qui représente 20 % de la sélection, se distingue par de nombreux accrochages dédiés au surréalisme à l’occasion des 100 ans du mouvement en 2024. Ce secteur se renouvelle en accueillant pour la première fois les galeries Antoine Laurentin (Paris, Bruxelles), Boquet (Paris) ou encore la Tchèque Cermak Eisenkraft.
Dix-sept galeries présenteront des accrochages monographiques et l’on retrouvera naturellement le secteur Promesses dédié aux jeunes galeries de moins de six ans d’existence, offrant un éclairage prospectif sur la pointe avancée de l’art contemporain. Les galeries peuvent présenter un maximum de trois artistes émergents et 45 % du coût de la participation est pris en charge par la foire. Très international, ce secteur accueille neuf galeries
Sous le titre Fragiles utopies, Eric de Chassey, commissaire invité nous proposera un regard sur la scène française, malheureusement toujours un peu à l’écart de la scène mondiale. Une présentation qui mélangera artistes reconnus et emblématiques à de jeunes artistes qui prouvent la vitalité et la relève de l’art contemporain hexagonal.
Pierre Soulages (1919-1922) Peinture 65 x 92 cm, 16 décembre 1971 © Galerie Opéra Gallery
Art Paris du 4 au 7 avril 2024
Grand Palais Éphémère, Place Joffre (face à l’École Militaire), 75007 Paris.
Horaires :
Mercredi 22, vendredi 24 et samedi 25 : 11h-20h
Jeudi 23 : 11h-22h et dimanche 26 : 11h-18h.
Accès :
Métro : ligne 8 station École Militaire. Lignes 6 et 10 station La Motte Picquet-Grenelle
Bus : lignes 20, 80, 82, 87, 92 / RER C Tour Eiffel
Site du salon : ici