Chez Artcurial le 14 janvier 2021 « L’univers du créateur de Tintin » (à 14h15) suivi de la vente « Bandes dessinées » (à 16h).
Les Aventures de Tintin reporter en Extrême-Orient, Le Lotus Bleu. Projet de couverture de l’album. 1936 © Hergé / Moulinsart 2020-2021
Dans leur prochaine vente consacrée à la BD le 14 janvier 2021 – vente qui aurait dû avoir lieu le 21 novembre 2020 – Artcurial va enfin mettre à l’encan ce dessin d’Hergé, essai pour la couverture du cinquième album des aventures de son héros : Le Lotus bleu. Pièce d’exception quand on connaît la rareté des dessins et planches d’Hergé, car conservées presque en totalité dans les archives de la maison Moulinsart à Bruxelles. D‘autant que cet essai de couverture concerne l’album qui sûrement – avec Tintin au Tibet – est le plus prisé des lecteurs et autres fans des aventures du « Petit reporter ».
Tintin au pays des soviets, album du 1er mille, un des 500 exemplaires numérotés et signé « Tintin et Milou » © Hergé / Moulinsart 2020-2021
Planche crayonnée de l’album Les Bijoux de la Castafiore, signée et dédicacée par Hergé © Hergé / Moulinsart 2020-2021
Exemplaire à l’état presque neuf de l’album Le Crabe aux pinces d’or de 1941 ayant appartenu à Louis Casterman © Hergé / Moulinsart 2020-2021
L’histoire de ce dessin, sujet à polémique, est de celles qui font rêver à chaque fois qu’une œuvre d’importance refait surface. En 1936, Georges Rémi (alias Hergé) propose à Casterman cette vignette pour la couverture de l’album. Casterman la refuse au prétexte qu’elle serait coûteuse à imprimer car trop riche et intense en couleurs et détails. Lui sera préféré, pour cette édition de 1936, le même dessin mais simplifié : fond noir sans décor, dessin sur la potiche simplifié et le lettrage chinois retiré. Selon l’expert d’Artcurial, Éric Leroy, le Monsieur BD de la maison de vente, ce dessin aurait été offert par Hergé au fils de Casterman, Louis, alors âgé de 7 ans. Ce dernier l’aurait plié en six (les traces de pli sont visibles) et rangé dans un tiroir d’où il ressort huit décennies plus tard pour être mis en vente ! Ce qui explique son état de fraîcheur exceptionnel et ses couleurs toujours aussi éclatantes.br>Pourtant, ce dessin est loin d’être inconnu. Effectivement, il a été édité en 1981 en poster tiré à 200 exemplaires signé par Hergé et Tchang, le héros du Lotus et du Tibet (poster présenté aussi dans la vente, avec une estimation de 2 000/3 000 €). Il fut aussi exposé en 1988 au musée d’Ixelles en Belgique et naturellement reproduit dans la Chronologie d’une œuvre, la somme encyclopédique de Philippe Godin.
Dernier record : 2,6 millions d’euros !
Et enfin, ce dessin est entaché d’une stérile polémique, une querelle de clocher due à Casterman, l’éditeur historique des albums, et par Philippe Godin sûrement le plus grand connaisseur de l’œuvre du maître belge et auteur, entre autres, de la somme en sept volumes, Chronologie d’une œuvre (éd. Moulinsart) qui fait référence.
L’éditeur plaide pour que cette pièce historique rejoigne le Musée Tintin sis à Louvain en Belgique sans passer par la case enchères, et se désolidarise de cette vente. Quant au second, il conteste l’histoire du don d’Hergé au jeune Louis Casterman et avance que ce dessin est une esquisse ayant nullement vocation à être publiée.
Artcurial détient déjà huit des dix records concernant l’œuvre d’Hergé, comme nous rappelle Éric Leroy, dont la vente en 2014, pour plus de 2,6 millions d’euros, du dessin des pages de gardes bleues qui tapissent l’intérieur des albums ! Tout cela n’empêchera pas de déchaîner sûrement les passions – tant des collectionneurs que des spéculateurs – et l’estimation de 2 à 3 millions d’euros n’est pas utopique. Résultat le 14 janvier.
107 lots pour toutes les bourses
D’autre part, dans cette vente consacrée à Hergé, forte de 107 lots, on trouvera bon nombre d’artefacts comme ce crayonné d’une planche de Les Bijoux de la Castafiore (est. : 110/130 000 €) signée du maître, des cartes de vœux, posters, dessins de moindre importance, dédicaces, objets publicitaires, sculptures, figurines, jeux et naturellement quelques albums, souvent en édition originale, et dédicacés comme ce Tintin au pays des soviets, un album du 1er mille, un des 500 exemplaires
André Franquin, encre de Chine et aquarelle, Gaston et Spirou au zoo. Fin des années 60 © Franquin / Éditions Dupuis
numérotés et signé comme il se doit, « Tintin et Milou » par Hergé et Madame (qui, elle, signa Milou de la main gauche !) (est. : 8/12 000 €). Venant appuyer le lot phare de la vacation, on trouvera aussi l’édition originale de Le Lotus bleu de 1936 en parfait état, complet de ses hors textes (est : 8/10 000 €) ou encore cet exemplaire de Le Crabe aux pinces d’or de 1941 ayant appartenu à Louis Casterman et dans un état quasiment neuf (est. : 20/25 000 €).
La seconde vente du jour
La vente se continue à 16h avec la dispersion de 254 lots consacrés à la bande dessinée dans son ensemble. Tous les grands – et moins grands – sont présents. À noter toutefois quelques lots phares comme cette planche 3 de Bilal pour l’histoire intitulée Drame colonial bis publiée en 1978 aux Éditions Dargaud (est. : 10/12 000 €), ou cette encre de Chine, datée 1970, de Franquin pour un gag de l’inénarrable Gaston (est : 45/50 000 €). Du même une encre et aquarelle représentant Gaston et Spirou au zoo (est : 30/50 000 €). De Roba une planche encre de chine et crayon de couleurs d’un gag de Boule et Bill (35/45 000 €). Par Osamu Tezuka, une planche de l’épisode 51 d’Astro Boy (est. : 25/40 000 €) et enfin, par Uderzo – dont la côte ne cesse de monter ! – avec la planche finale, encrée, d’une aventure d’Astérix Les lauriers de César, signée et dédicacée (est. : 150/200 000 €) et de nombreux autres lots à partir de quelques centaines d’euros.
Artcurial, 7 Rond-Point des Champs-Élysées (8e)
Exposition publique les 11 et 12 janvier de 11h à 19h et le 13 janvier de 11h à 17h
Ventes le 14 janvier à 14h15 (Univers du créateur de Tintin) et 16h (Bandes dessinées).
Catalogues en ligne : www.artcurial.com