À l’habitude, l’automne à Paris rime avec photo sous l’égide de Paris Photo, ce salon consacré à l’image fixe classique comme contemporaine qui, en deux décennies, s’est imposé comme le plus important au monde sur ce médium. À découvrir aussi quelques expositions d’importance qui viennent affirmer ce leadership. Le Musée du Luxembourg nous propose une balade dans les rues de New York et de Chicago sur les pas de la nounou photographe Vivian Maier ; le Centre Pompidou nous dévoile les arcanes de l’image et son double ; le Musée du Jeu de Paume, lui, nous accroche les trésors de la collection Walther conservées par le MoMA de New York. Le Palais Galliera nous entraine dans le mode avec une rétrospective consacrée au mythique magazine Vogue. La Fondation Cartier-Bresson elle nous propose les étonnants et surprenants autoportraits corporels de John Coplans ; au Musée Picasso c’est la star du lieu que l’on retrouve plus vivant que jamais devant les caméras qui l’on suivit toute sa vie. Au château de Chantilly on nous convie à une découverte : celle de l’œuvre de l’anglais Roger Fenton qui, au milieu du XIXe siècle, fut le pionnier de la photo de guerre. Quant à la MEP, elle nous invite à découvrir le monde étonnant et foisonnant du photographe camerounais Samuel Fosso.
Posté le 1er novembre 2021
Paris Photo le salon le plus important au monde consacré à l’image fixe tant classique que contemporaine. © Ph.: D.R.
En plus de deux décennies, Paris Photo, qui s’est imposé mondialement, est devenu le plus important salon concernant l’image fixe argentique et numérique. L’édition 2021 sera, comme le FIAC qui vient de s’achever, abritée sous les arcades de ce Grand Palais éphémère, dont beaucoup saluent le confort et la dimension. Fouillez, regardez, admirez et achetez des tirages de toutes époques, de tous pays, sur tous les thèmes. Gustave Le Gray et Charles Nègre côtoient les explorations les plus contemporaines sur les stands des 147 exposants et 30 éditeurs (contre 231 au total lors de l’édition 2019 – l’édition 2020 rappelons-nous, avait été annulée -) venus de 28 pays dont 37% d’exposants français, qui prouve bien l’intérêt international de ce salon (le plus important au monde sur cette thématique) qui fait déplacer de nombreuses galeries, collectionneurs, curateurs et directeurs de musées et de fondations du monde entier.
Trois secteurs se partagent cette édition 2021. Le Secteur principal accueillera les galeries proposant aux visiteurs un panorama complet de la photographie du XIXème siècle à nos jours avec notamment 20 solo shows et 8 duo shows.
La programmation au sein de Paris Photo offre cette année encore un programme riche, composé de la présentation d’une partie de la collection privée de J.P. Morgan, des oeuvres d’Almudena Romero, artiste en résidence pour BMW, du travail d’Olivier Cullman pour Pernod Ricard, sur le thème de la convivialité, en résonnance avec l’actualité. D’autres partenaires accompagneront et contribueront à la promotion du médium, donnant à voir sous des formats différents, ou partageant dans notre Plateforme de conversations.
Pour la 4ème année, Paris Photo renouvelle son engagement auprès des femmes photographes, avec le soutien du ministère de la Culture et de Kering avec Women in Motion. Grâce au commissariat de Nathalie Herschdorfer et aux parcours construits sur la foire et sur l’Online Viewing Room, une visibilité additionnelle est donnée aux artistes féminines, pour tenter de rattraper le temps perdu. Le Cnap soutient cette démarche, octroyant un budget d’acquisitions au bénéfice des oeuvres de femmes proposées sur la foire.
Le secteur Curiosa dédié à l’émergence, fait la part belle aux jeunes artistes, sous l’égide de Shoair Mavlian, commissaire, qui a choisi 20 solo show, tandis que 4 lauréats de cette Carte Blanche exposeront leur portfolio sur la foire, et seront mis à l’honneur l’espace de plusieurs semaines dans une des principales gares parisiennes.
Paris Photo 2021 regroupe 147 exposants et 30 éditeurs venus de 28 pays dont 37% d’exposants français © Ph.: D.R.
Enfin, le Secteur Editions qui réunira 30 éditeurs et libraires provenant de 9 pays prouvant la vitalité de ce secteur de l’édition qui draine de plus en plus de collectionneurs à la recherche d’éditions anciennes. Un secteur autour duquel se dérouleront les signatures d’artistes, les « Artists Talks » et la nomination des Photobook Awards sous la houlette d’Aperture.
Et pour accompagner son édition 2021, Paris Photo lance une « Online Viewing Room » ( www.parisphoto.viewingrooms.com ), plateforme en ligne offrant aux galeries et éditeurs de Paris Photo une visibilité complémentaire par internet pour enrichir leurs propositions artistiques présentées à la foire. Pour les collectionneurs et les amateurs, c’est l’occasion d’acquérir de chez eux des œuvres, de parcourir les choix des commissaires et de nouer de nouvelles relations avec les galeries et les éditeurs, où qu’ils soient dans le monde.
Comme toujours depuis sa création, ce salon le plus important au monde pour la photographie, est en raccourci une belle histoire de la photo de ses balbutiements à ses derniers bidouillages.
Paris Photo, du jeudi 11 au dimanche 14 novembre 2021.
Grand Palais Éphémère, place Joffre (face à l’École Militaire), 75007 Paris.
Horaires : du jeudi 11 au samedi 13 novembre 2021, de 13h à 20h et le dimanche 14 novembre 2021 de 13h à 19h.
Site du salon : www.parisphoto.com
VIVIAN MAIER
Vivian Maier. Bibliothèque publique de New York, vers 1954 © Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY
Vivian Maier. Chicago, 1956 © Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY
Vivian Maier New York, 3 septembre 1954 © Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY
Tel Henry Darger dont on découvrit l’existence artistique lors de sa disparition, en vidant sa misérable chambre qui recélait des milliers de dessins et peinture, l’histoire de la découverte de l’œuvre de Vivian Maier est de même. Hospitalisée, Vivian Maier laisse en souffrance un box qu’elle loue et dont elle ne paie plus le loyer depuis quelques temps. Vidé des affaires qu’il contient, le tout est mis à l’encan fin 2007 et c’est John Maloof, un jeune agent immobilier, qui acquiert un lot fait d’un grand nombre de photos, films et négatifs qu’il y était entreposé dans des cartons. Dans le lot, une enveloppe avec le nom de Vivian Maier va le mettre sur la piste de la propriétaire de ce trésor. Il découvre qu’une femme du même nom est décédée quelques jours plus tôt et, de fil en aiguille, il va reconstituer le parcours de cette femme à l’œuvre aussi inconnue qu’importante. Une œuvre qui la hisse au niveau des plus grands street photographers du XXe siècle, l’égale des Winogrand, Friedlander, Arbus et autre Leiter.
Dès lors, John Maloof va consacrer son temps à exploiter les plus de 12 000 images qu’elle a prises, les films en super 8 et 16 mm ainsi qu’un monceau de pellicules non développées ! De quoi occuper une vie ! Ce à quoi John Maloof va s’atteler afin de la faire sortir de l’ombre. Avec cette rétrospective forte de plus de 220 tirages dont la plupart d’époque, réalisés de son vivant, Vivian Maier accède au firmament des photographes de rue à l’égale des plus grand(e)s.
Le monde de l’art adore ces histoires de génies redécouverts. John Maloof va œuvrer pour la faire connaître et il réussit à intéresser les plus grandes galeries et les plus grands musées, à organiser des expositions et rétrospectives qui suscitent, partout, un immense enthousiasme.
La nounou photographe
Vivian Maier est née à New York le 1er février 1926 d’un père américain et d’une mère française. Le couple se sépare en 1929 et elle rentre en France avec sa mère qui s’installe dans un village de Haute-Provence d’où elle est originaire, avant de retourner à New York en 1938. De courtes études achevées, commence pour Vivian des petits boulots avant de devenir
Vivian Maier. Chicago, 1962 © Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY
nourrice à domicile dans des famille aisées, un job qu’elle occupera toute sa vie, et entre autres pendant onze ans dans la famille Gensburg pour s’occuper de leurs trois enfants. Ce sont eux qui la retrouveront à la fin des années 90 alors qu’elle est tombée dans la misère. Elle vit alors à Rogers Park, près du lac Michigan. Ils veilleront sur elle et l’assisteront financièrement. En décembre 2008, suite à une mauvaise chute elle est hospitalisée, et à sa sortie les frères Gensburg l’installeront dans une maison de repos où elle décède en avril 2009 à l’âge de 83 ans.
« Street photographer », Vivian Maier l’a été dans le sens le plus pur du terme exploitant toutes les facettes du genre, se promenant, son Rolleiflex en main, toujours prête à saisir une scène, un geste, un regard, le petit quotidien de la rue avec souvent malice ou ironie comme lorsqu’elle suit les enfants pleurant, riant ou jouant ou les petits travers des personnes rencontrée. Mais c’est surtout l’univers des enfants qui reste la dominante de son travail, elle qui, pour gagner sa vie sera nounou dans différentes familles aisées.
Au cœur même des thématiques explorées par Vivian Maier, il y a un enjeu d’importance qui semble structurer tout son œuvre. C’est celui de la quête de sa propre identité à travers ses autoportraits. Ils sont nombreux et se déclinent sous de multiples variations et typologies, et deviennent un langage dans le langage. Une forme de mise en abîme du dédoublement. Une manière pour elle d’être dans ce théâtre de la rue, elle qui faisait partie de ces personnes que l’on croise sans les remarquer. Avec ses cadres qui l’incluent, souvent doublement, dans cette rue qu’elle a plus que quiconque arpentée, elle semble vouloir s’affirmer et exister aux yeux de tous. C’est aujourd’hui fait.
Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard (6e).
À voir jusqu’au 16 janvier 2022
Ouvert du lundi au dimanche de 10h30 à 19h, nocturne le lundi jusqu’à 22h.
Accès :
RER : ligne B, arrêt Luxembourg (sortie Jardin du Luxembourg)
Métro : ligne 4, arrêt Saint Sulpice ; ligne 10, arrêt Mabillon ; ligne 12, arrêt Rennes
Bus : lignes 58, 84, 89, arrêt Musée du Luxembourg ; lignes 63, 70, 86, 96 arrêt Église Saint Sulpice
Site de l’exposition ici
L’IMAGE ET SON DOUBLE
Berenice Abbott, Parallax View, vers 1958 © Commerce Graphics Ltd
Pierre Boucher, Main et son ombre sur le sable, 1942 © Fonds Pierre Boucher
Bruno Munari, Xerografia originale, 1991 © droits réservés
C’est à un accrochage un peu abscons que nous présente le Centre Pompidou dans son espace dédié à la photo. Il nous invite à réfléchir sur une des propriétés principales – sinon la première – de la photographie : la reproduction. Faisant dialoguer des œuvres photographiques historiques avec d’autres contemporaines, appelant pour ce faire des photographes dont beaucoup nous sont connus – comme Man Ray, Raoul Ubac, Constantin Brancusi, Berenice Abbott, Eric Rondepierre ou Susan Meiselas – d’autres dont le travail lui-même est une réflexion sur ce double et cette multiplicité.
Des œuvres multipliées par reproduction, détournées ou encore falsifiées interrogent les enjeux liés à la multiplication des représentations visuelles – renforcée depuis l’avènement du numérique – dévoilant les utopies comme les dysfonctionnements des processus de répétition et de copie. Portraits d’enfant à l’infini, bougie qui se reflète dans un miroir, ombre portée, image dédoublée par un verre strié… L’image se joue d’elle-même, soit à la prise de vue – cf. le portrait d’Edward James par Man Ray – ou se bidouille en laboratoire.
Interroger la reproduction, c’est aussi, dès lors, repenser l’identité de l’auteur et son autorité. Quelques exemples de cet état de fait sont ici proposés, de la « grammaire du double » qui étudie le dédoublement souvent à l’infini de l’image aux copies manipulées, bidouillées ou détournées à l’image de ce combattant sandiniste au cocktail Molotov, « Molotov man » de Susan Meiselas qui fut si souvent mis à toutes les sauces pour servir des propos ou des buts quelquefois même éloignés du sujet premier.
Centre Pompidou, place Georges Pompidou (4e).
À voir jusqu’au 13 décembre 2021
Tous les jours de 11h à 22h (fermeture des espaces d’exposition à 21h)
Le jeudi jusqu’à 23h (uniquement pour les expositions temporaires du niveau 6)
Accès :
Métro : Rambuteau (ligne 11), Hôtel de Ville (lignes 1 et 11), Châtelet (lignes 1, 4, 7, 11 et 14)
RER : Châtelet Les Halles (lignes A, B, D)
Bus : 29, 38, 47, 75
Site de l’exposition : ici
VOGUE PARIS 1920 – 2020
David Bailey, Catherine Deneuve, Vogue Paris mai 1966 © David Bailey / Archives Vogue Paris
Jeanloup Sieff, Marina Schiano en robe Yves Saint Laurent, Vogue Paris septembre 1970 © Estate of Jeanloup Sieff / Archives Vogue Paris
William Klein, Simone d’Aillencourt, robe Marggy Rouff, Vogue Paris avril 1961 © William Klein / Archives Vogue Paris
Fidèle à sa thématique, la mode, le Palais Galliera ne voulait être en reste en cette fin d’année consacrée à la photo en nous présentant combien le mythique magazine Vogue fut le vecteur important et incontournable de la présentation de la mode et de ses alentours (goût, beauté, élégance, société même), lui qui a fêté son centenaire. En effet, fondé par Condé Nast en 1920, Vogue Paris est aujourd’hui le plus ancien des magazines de mode français toujours publié, et le seul titre du groupe à porter le nom d’une ville et non celui d’un pays. Capitale de la mode, Paris y est figurée comme le cœur de la vie culturelle et artistique et la Parisienne y incarne la femme Vogue.
L’exposition prend appui sur deux piliers qui ont forgé le magazine : ses rédacteurs en chefs qui l’ont façonné par leurs choix éditoriaux et artistiques, de Michel de Brunhoff à Emmanuelle Alt, en passant par Edmonde Charles-Roux, Francine Crescent et Carine Roitfeld. Puis naturellement ceux chargés de mettre en image cet esprit, les illustrateurs, metteurs en page et surtout ses photographes dont la plupart, sinon tous, sont les stars – souvent adulés – de la photo de mode. Véritable who’s who de l’image, on relève les noms de Blumenfeld, Lartigue, Doisneau, Horst, Bourdin, Moon, Bailey, Sieff, Klein, Newton, Watson, Lindbergh, Testino, Roversi, Mondino, Teller, Walker, Weber, Demarchelier, Inez & Vinoodh, et de nombreux autres qui ont façonné le magazine. Ne cherchez pas ailleurs, ils sont tous là !
Et enfin, l’exposition ne serait pas complète si un hommage n’était rendu à ceux dont le travail précède celui de ceux sus-cités : les créateurs de mode. Au fil de la présentation on croise Christian Dior, André Courrèges, Karl Lagerfeld, Claude Montana, Oscar de la Renta, Yves Saint-Laurent et leurs égéries que sont ces hyper-modèles qui apparaissent dès les années 60 avec Penelope Tree, Veruscka suivies de Claudia Schiffer et Kate Moss pour ne citer qu’elles. Au total Vogue Paris 1920-2020 rassemble près de 400 œuvres issues principalement des archives du magazine – photographies, illustrations, magazines, documents, films – ainsi qu’une quinzaine de modèles de haute couture et de prêt-à-porter avec, en point d’orgue rassemblées dans la rotonde du rez-de-chaussée, les 1007 couvertures du Vogue Paris qui racontent à elles seules la continuité et l’importance sur la société du magazine sur un siècle…
Palais Galliera, 10 avenue Pierre Ier de Serbie (16e).
À voir jusqu’au 30 janvier 2022
Du mardi au dimanche de 10h à 18h. Nocturne les jeudis jusqu’à 21h
Fermé le lundi
Accès :
Métro ligne 9 stations Iéna ou Alma-Marceau
RER ligne C station Pont de l’Alma
Site de l’exposition : ici
JOHN COPLANS
Lying Figure, Holding Leg, Four Panels, 1990 © The John Coplans Trust
Étonnement la Fondation Cartier Bresson installée depuis peu dans le Marais sort de sa zone de confort et de ce que l’on peut attendre d’un lieu consacré à la carrière du grand photographe et à ceux qui œuvrèrent dans la même veine. La Fondation nous accroche – après un bel hommage à Atget – les clichés de John Coplans sous le commissariat de Jean-François Chevrier grand spécialiste de l’histoire de la photo. Les images de Coplans auraient mieux été à leur place à la MEP ou dans qui un autre endroit présentant de la photographie plus contemporaine. C’est un choix qui nous permet au moins d’entrer dans l’univers si particulier de cet anglais un peu touche-à-tout puisqu’il fut journaliste, directeur de plusieurs musées et se découvrit photographe à 60 ans.
John Coplans a un seul sujet… lui-même. Son corps qu’il présente nu dans des clichés et des compositions autant dérangeantes qu’intimes et qui d’évidence repose non seulement sur l’éternelle question de la représentation du corps, mais aussi sur le fait qu’il s’agit ici du corps d’un homme qui ne correspond guère aux canons habituels du genre – d’autant qu’il s’agit d’un homme d’âge mûr (il est né en 1920 et décédé en 2003) – et nous interroge face au corps vieillissant. Sous le titre générique Self Portrait il développe alors une pratique photographique où il représente son corps nu souvent fragmenté, la tête toujours hors-champ. En des poses où parfois s’égare le regard qui a des difficultés à situer les parties photographiées. Il oblige ainsi à des contorsions qui génèrent un certain malaise renvoyant à des mises en scènes qu’on dirait de lutte.
« Prendre son propre corps nu comme seul sujet suppose un fort sens du jeu et de la provocation. Mais le torse et le dos (depuis Matisse) sont des thèmes de la sculpture. Dans ce domaine, le jeu, la fantaisie ont bénéficié des possibilités libérées par l’assemblage et l’idée de construction. Brancusi jouait à construire des formes ; il lui arriva même de reconnaître dans le monde des équivalents de ses sculptures, notamment quand il découvrit l’architecture de New York. » explique Jean-François Chevrier dans Un Corps, un ouvrage compilant les textes de Coplans (Éditions Le Point du Jour) qui accompagne l’exposition.
Fondation Henri Cartier-Bresson
79, rue des Archives, 75003 Paris
À voir jusqu’au 16 janvier 2022
La Fondation est ouverte du mardi au dimanche de 11h à 19h.
La Fondation est fermée le lundi.
Accès :
Métro
Ligne 8 stations : Filles du Calvaire ou république
Ligne 1 stations :Saint-Paul ou Hôtel de Ville
Bus
Ligne 29 station : Tournelles-Saint Gilles ou Payenne
Ligne 75 stations : Archives-Haudriettes ou Square du Temple
Ligne 96 station : Saint-Claude
Site de l’exposition : ici
PICASSO À L’IMAGE
S’il est des artistes qui aiment l’ombre à la lumière, qui tiennent à protéger leur vie privée, voire publique, ce n’est pas le cas de Picasso qui aimait à se prêter dans toutes occasions aux demandes des photographes et cinéastes. Cette exposition qui s’est ouverte au musée Picasso nous le montre sous l’objectif souvent très complaisant des cinéastes soit dans le cadre privé ou de sorties publiques soit pour des documentaires ou film dont l’acmé reste ce Mystère Picasso de Clouzot. A partir de films d’art et d’archives, de documentaires tournés du vivant de l’artiste, de reportages et de documents sonores, l’artiste apparaît en mouvement, présentant les différentes facettes de sa vie et de son œuvre : père de famille et créateur de génie, hédoniste méditerranéen et infatigable travailleur, personnalité enjouée et ami fidèle…
On suit sa vie au travers des lieux de son existence des années 30 à son refuge cannois de la Californie avec un rendez-vous immersif inédit qui clôt la visite, invitant le visiteur à pénétrer dans cet atelier mythique que Picasso a occupé de 1955 à 1961. C’est l’artiste lui-même, à travers ces films, qui est ainsi mis au cœur du parcours, rythmé par le fil rouge des extraits audiovisuels. En regard de ces images animées sont présentées des œuvres de la collection faisant écho à chacune des projections. Des premiers films amateurs tournés dans les années 30 jusqu’aux reportages d’actualité des années 60, l’exposition nous le montre vivant comme jamais et surtout quelle joie de l’entendre avec son inimitable accent et de le voir plus drôle et joyeux que jamais.
Plusieurs expositions ont par le passé exploré le lien entre Picasso et l’image animée, notamment Picasso à l’écran en 1992 au Centre Georges Pompidou et Picasso devant la télé, en
Picasso à la Californie © RMN – Grand Palais (musée Picasso de Paris) – David Douglas Duncan
2013 au Consortium de Dijon. Aujourd’hui, « Picasso à l’image » mêle images d’archives et extraits de grands projets cinématographiques (« Le Mystère Picasso », en 1956) avec la volonté de montrer l’artiste dans son environnement, au travail, en famille, entre amis, devant la caméra et sous les feux des projecteurs.
Musée Picasso, 5 rue de Thorigny (3e).
À voir jusqu’au 5 février 2023
Du mardi au vendredi : 10h30 – 18h Samedis, dimanches et Jours fériés (sauf les lundis) : 9h30 -18h00.
Accès :
Métro : ligne 8 stations Saint-Sébastien-Froissart ou Chemin Vert
Bus : 20 : Saint-Claude ou Saint-Gilles Chemin Vert, 29 : Rue Vieille Du Temple, 65 : Rue Vieille Du Temple, 75 : Archives – Rambuteau, 69 : Rue Vieille du Temple – Mairie 4e et 96 : Bretagne
Site du musée : ici
ROGER FENTON, AUX ORIGINES DU REPORTAGE DE GUERRE
Le Général Bosquet et son état-major © Chantilly, musée Condé
Le zouave blessé et la vivandière © Chantilly, musée Condé
Groupe de trois chefs Croates © Chantilly, musée Condé
Peu connu, sinon même totalement inconnu et rare dans les collections françaises, le photographe anglais Roger Fenton (1819-1869) est un pionnier de l’image fixe, le premier sûrement à emmener un lourd matériel pour documenter les champs de batailles. Après des études de droit, il se tourne vers la peinture dans l’atelier du peintre Paul Delaroche, qui pressentant l’importance qu’allait prendre la photographie en ce milieu du XIXe siècle, déclare « À partir d’aujourd’hui, la peinture est morte ! « . Ce que beaucoup à l’époque craignaient. Dans l’atelier de Delaroche se pressent, autour de Fenton pas moins que Gustave Le Gray, Henri Le Secq et Charles Nègre ! Qui, tous trois, deviendront, eux aussi, des pionniers des premiers temps de la photo. Apparemment la prédiction de Delaroche n’était pas tombée dans les oreilles d’un sourd ! Si ces trois derniers sont aujourd’hui reconnus, il n’en est pas de même de Fenton et cette exposition, au château de Chantilly, répare cette injustice
La Redoute française à Inkerman © Chantilly, musée Condé
D‘autant qu’à contrario de ses trois copains de chevalet, Roger Fenton, lui, va œuvrer dans un genre qui n’avait pas d’adeptes alors : la photo de guerre. Mais avant, en son temps, il semble avoir un certain succès en exposant ses clichés en Russie et en Angleterre dont certaines sont même acquises par la reine Victoria ! Devenu en 1850 le photographe officiel du British Museum, il reçoit en 1854 de la reine Victoria une commande de portraits du prince Albert, d’elle-même et des enfants royaux !
En 1855, il est envoyé en Crimée afin de documenter la guerre pour le peintre Edward Armitage et Thomas Jones Baker qui se serviront de ses clichés pour leurs peintures. Et voilà notre pionnier en route, mais pas comme on se l’imagine aujourd’hui ! Il se fait construire une roulotte emplie de 36 caisses d’un lourd
matériel, part avec un cuisinier et un assistant et travaille dans des conditions dantesques entre des produits qui craignent la chaleur, sa lourde chambre photographique, ses plaques de verre, les tirs de l’artillerie et ses déplacements au milieu des champs de bataille ! Il est ainsi le premier photographe à avoir « couvert » dans la durée un conflit armé.
Sa mission principale est de ramener les portraits des personnalités qui comptent dans cette guerre pour que le peintre Thomas Jones Barker (1815-1882) puisse les utiliser dans un tableau (Londres, coll. privée) dont la composition rappelle les panoramas. C’est pourquoi Fenton diversifie au maximum les attitudes de ses modèles que Barker reprendra très exactement pour la plupart. Les photographies se répartissent en deux groupes, les portraits d’officiers et les vues des principaux sites qui serviront de fond au tableau. Ce reportage, le plus connu de Fenton, donne une image adoucie d’une guerre sanglante : c’est presque un reportage de propagande qui pose pour la première fois la question de la véracité de la photographie.
A son retour en Angleterre, Fenton prépare en deux mois une exposition de 280 photographies de Crimée, sur les 300 réalisées. Elles furent publiées par souscription sous le patronage de la reine Victoria, du prince Albert et de l’Empereur Napoléon III et tirées à 200 exemplaires. Reconnu comme l’un des plus grands photographes anglais du milieu du XIXe siècle, auteur de nombre de vues d’architecture et de portraits, sa carrière ne durera qu’une dizaine d’année.
Domaine de Chantilly, 7 rue Connétable, Le Château, 60500 Chantilly
À voir jusqu’au 27 février 2022
Ouvert tous les jours de 10h à 17h, sauf le mardi.
Accès :
Depuis Paris :
Autoroutes A3 et/ou A1 sortie « Chantilly » ou D316 et D317
TER : Paris-Gare du Nord, gare de Chantilly-Gouvieux
RER D Paris-Gare du Nord, station Chantilly-Gouvieux
Site de l’exposition : ici
CHEFS D’ŒUVRE DU MOMA
Photographe inconnu. Sans titre (couverture de l’ouvrage Voici venir le nouveau photographe !), vers 1928-29 © The Museum of Modern Art, New York. Collection Thomas Walther.
Herbert Bayer. Humainement impossible (autoportrait), 1932 © The Museum of Modern Art, New York. Collection Thomas Walther
Alvin Langdon Coburn. La pieuvre, 1909 © The Museum of Modern Art, New York. Collection Thomas Walther
Pour la première fois en France, le Jeu de Paume nous accroche les photos de la collection que Thomas Walther légua au grand musée new-yorkais. Cette donation est l’un des piliers de la collection moderne du MoMA. Des 350 photographies dont elle est composée, l’exposition parisienne rassemble environ 230 images dues à 127 artistes qui ont su retracer l’histoire de l’invention de la modernité en photographie. Si une partie de cette collection a été présentée au MoMA en 2014, l’exposition du Jeu de Paume dévoile en avant-première les dernières acquisitions de l’institution new-yorkaise de 2017.
La première moitié du XXe siècle, représentée ici par des œuvres signées Berenice Abbott, Karl Blossfeldt, Claude Cahun, El Lissitzky, Edward Weston ou André Kertész, retrace l’histoire de la modernité en photo. Mêlant les genres et les approches, de l’architecture et des vues urbaines aux portraits et aux nus, des reportages aux photomontages et expérimentations, les œuvres de l’exposition révèlent une effervescente artistique incomparable.
La collection Thomas Walther propose un panorama très riche de la scène artistique de l’entre-deux-guerres en explorant des réseaux artistiques allant du Bauhaus au Surréalisme, de Moscou à New York. La sélection mélange des artistes très reconnus comme Henri Cartier-Bresson, Berenice Abbott ou Walker Evans, mais aussi des photographes qui ne se revendiquaient pas nécessairement comme tels. D’autre part, elle fait la part belle aux artistes femmes dont on découvrira ou redécouvrira de nombreuses œuvres. Chapitrée en six sections, l’exposition couvre tous les domaines exploratoires de la photo, de la vie d’artiste et des réseaux, sympathie et affinités qui agitèrent ses pionniers, à ceux qui documentèrent la vie moderne ou les villes, témoins de leur croissance et des nombreuses possibilités graphiques que ses rues et sa réalité urbaine offrent. Surréalisme, bidouillages, astronomie, rayons X et autres points de vue étranges viennent en ce XXe siècle faire suite, d’une façon moderne, aux photos spirites et médiumniques du siècle passé.
Musée du Jeu de Paume. 1, Place de la Concorde (8e)
À voir jusqu’au 22 septembre
Ouvert du mardi au dimanche. Le mardi de 11h-21h et du mercredi au dimanche de 11h-19h.
Accès :
Métro : lignes 1, 8 station Concorde. Lignes 12, 14 station : Madeleine
Bus : lignes 42, 45, 72 et 84, arrêt Concorde
Site de l’exposition : ici
SAMUEL FOSSO
Samuel Fosso, Autoportrait. Série « ALLONZENFANS » de 2013 © Samuel Fosso, / courtesy Jean-Marc Patras / Paris
Samuel Fosso, Autoportrait. « Emperor of Africa », 2013 © Samuel Fosso / courtesy Jean-Marc Patras / Paris
Samuel Fosso, Autoportrait. Série « Black Pope », 2017 © Samuel Fosso / courtesy Jean-Marc Patras / Paris
À survoler d’un regard l’œuvre de ce photographe camerounais on ne pourrait qu’y voir des autoportraits mis en situation d’une façon un peu lapidaire. Comme l’on aime à endosser les habits d’autres afin de se projeter dans un monde illusionné, voire se prêter à un jeu sans autre conséquence. Ce serait mal regarder le travail de ce photographe, car, au-delà d’une pratique classique de l’autoportrait, Samuel Fosso (né en 1962) incarne de multiples personnages comme pourrait le faire un acteur de cinéma pour mieux interroger les codes de la représentation et la fabrique inconsciente de nos imaginaires. On pense naturellement au travail d’une Cindy Sherman qui explore, comme Fosso, le problème de l’identité sociale et politique.
Fort peu connu ici Samuel Fosso pourtant est un artiste devenu incontournable sur la scène artistique contemporaine. Effectivement, Samuel Fosso est régulièrement invité à présenter son œuvre dans des institutions de renommée internationale telles que la Tate Modern à Londres, la Fondation Louis Vuitton à Paris, ou encore le MoMA et le Guggenheim Museum à New York, sans oublier ses différentes collaborations avec le monde de la mode et notamment le magazine Vogue. Excusez du peu !
Son travail est également représenté dans les collections privées et publiques les plus prestigieuses du monde. Malgré cela, son travail n’a pas récemment fait l’objet d’une exposition rétrospective majeure. La MEP répare cet oubli en nous présentant une véritable rétrospective.
Si Samuel Fosso s’inscrit dans une longue tradition africaine de la photographie de studio, dont Malick Sidibé et Seydou Keïta sont les plus éminents représentants, il a aussi largement contribué à réinventer ce genre photographique en tournant l’appareil vers lui-même et en faisant du studio un terrain de jeu, un espace de liberté absolue et le lieu de tous les possibles dans l’élaboration théâtrale des identités. Œuvre miroir d’un monde postcolonial son travail revêt par ailleurs une dimension politique aussi incontestable que fascinante et aussi, par une histoire personnelle mouvementée. Miroir d’une histoire mondiale marquée par le post-colonialisme et les relations que le continent africain entretient avec l’Orient et l’Occident depuis le milieu du 20e siècle. Ses séries « African Spirits », « Emperor of Africa », « Black Pope » et « Allonszenfans » en sont les exemples les plus probants.
Né en 1962 à Kumba, au Cameroun, puis élevé au Nigéria,
Samuel Fosso, Autoportrait. Série « Tati », La Femme américaine libérée des années 70, 1997 © Samuel Fosso / courtesy Jean-Marc Patras / Paris
Samuel Fosso fuit la guerre civile du Biafra et s’installe en 1972 chez son oncle à Bangui en Centrafrique. Il découvre la photographie grâce à un voisin auprès duquel il se forme et ouvre son propre studio à l’âge de 13 ans, réalise des travaux de commandes (photos d’identité, commémorations, mariages) et débute, à l’âge de 15 ans, ses autoportraits. Influencé par des magazines de pop-culture qu’il trouve à Bangui, il se photographie dans des tenues qu’il fait confectionner spécialement par des couturiers locaux.
Alors qu’il est le seul enfant survivant de sa famille au Nigéria, lors de la guerre du Biafra à la fin des années 60, il doit fuir la Centrafrique en 2014 à cause de la guerre civile qui ravage le pays. Sa maison y est pillée et ses archives brûlées. Quelques centaines de négatifs parmi ceux qui ont été sauvés miraculeusement de la destruction, sont présentés pour la première fois dans cette exposition et donnent à voir la genèse de sa pratique photographique.
De son travail il nous dit : « Ce n’est ni le corps qui sourit, ni le corps qui pleure mais ça représente la vie et tous ces malheurs qui nous frappent dans notre intérieur. Au final, il s’agit d’émotions enfouies que nous créons nous-mêmes et d’exorciser mes propres ressentis face à cette situation. »
Maison Européenne de la Photographie, 5-7, rue de Fourcy (4e).
À voir jusqu’au 13 mars 2022
Ouvert du mercredi au dimanche, de 11h à 19h45. Fermé les jours fériés.
Accès :
Métro
Ligne 1 station : Saint-Paul
Bus
Ligne 67 arrêt : rue Vieille du Temple- mairie du 4e
Ligne 69 et 96 arrêt : Saint-Paul
Site de la MEP : ici