Les galeries Michel Descours et Benjamin Peronnet nous invitent à découvrir les œuvres merveilleuses de ce peintre suédois quasiment inconnu chez nous. Des paysages d’une grande beauté, merveilleux, poétiques avec juste un brin de naïveté qui nous présentent une nature idyllique à contempler à l’aune de notre époque qui malmène tellement cette nature que ce peintre nous invite à regarder de plus près.
Exposition Oskar Bergman chez Michel Descours et Benjamin Peronnet jusqu’à fin novembre 2021.
Posté le 6novembre 2021
Début de printemps à Ersta, mars 1930 © Courtesy Galerie Michel Descours / Benjamin Peronnet Fine Art, 2021
Utö en automne, 1928 © Galerie Michel Descours et Benjamin Peronnet Fine Art

Hiver à Nyköping (Vinter Nyköping), février 1931 © Galerie Michel Descours et Benjamin Peronnet Fine Art

Boulaie (Björkdunge), 1936 © Galerie Michel Descours et Benjamin Peronnet Fine Art

Deux bouleaux sur un rivage dans la brume s.d. © Galerie Michel Descours et Benjamin Peronnet Fine Art

Rivage au crépuscule, 1906 © Galerie Michel Descours et Benjamin Peronnet Fine Art

Ruisseau dans la neige, 1910 © Galerie Michel Descours et Benjamin Peronnet Fine Art

C’est à la rencontre de l’artiste suédois Oskar Bergman (1879–1963), totalement méconnu en France que nous convient les galeries Michel Descours et Benjamin Peronnet, toutes deux situées dans le même immeuble qui fait face au charmant square Louvois, à l’ombre de la BNF historique. Cette rencontre est née, nous raconte les deux compères « d’un émerveillement », lorsqu’ils dénichent, dans la petite salle d’une galerie suédoise, les œuvres de ce peintre autodidacte comme amateur que « ses compatriotes même semblent avoir oublié » ! Et on se demande comment cet artiste aussi doué que son art est charmant et poétique ait pu passer, comme l’on dit « sous les radars » d’une époque de communication à foison ?
Une attitude discrète, une existence modeste et retirée, des heures passées sur le motif et des œuvres qui circulaient dans un cercle restreint d’amis et de connaissances l’ont gardé loin du monde de l’art. Mais qui, toutefois a servi comme illustrateur pour des couvertures de disques de compositeurs nationaux. Mais, nous rassure-t-on, il parviendra toutefois à force d’effort à devenir très populaire en Suède. Mais uniquement là-bas apparemment.
Il est pourtant à noter que son travail fut montré par deux fois, dissimulé dans des expositions de groupe. Une fois à New York en 1927 au Metropolitan Museum et deux ans plus tard, toujours au sein d’une grande exposition sur l’art suédois au Jeu de Paume à Paris. Apparemment ces deux « sorties » n’affolèrent pas les observateurs. Après cela, Bergman ne fut plus inclus dans les sections suédoises des expositions internationales
Peintre ou illustrateur ?
Oskar Bergman développe un art que souvent l’on considère qu’à l’aune de l’illustration plus que de s’inscrire dans la grande histoire de l’art. De plus, il faut reconnaître que l’art venu du nord n’est pas des plus connus et représenté chez nous (exception faite dernièrement de cette exposition au Petit Palais consacrée à la peinture danoise), et si on excepte les confrères et contemporains nordistes d’Oskar Bergman comme Carl Larsson – celui duquel il se rapproche le plus – Anders Zorn, Helmer Osslund et naturellement Vilhelm Hammershoi, ou d’autres plus confidentiels comme Gustav Fjaestad, Georg Pauli, Gottfrid Kallstenius ou Carl Wilhelmson… Cela prouve qu’il y a encore un vrai travail de découverte à faire sur ces artistes
Deux bouleaux sur un rivage dans la brume, s.d. © Courtesy Galerie Michel Descours / Benjamin Peronnet Fine Art, 2021
du nord. Pour nos découvreurs : « Oskar semblait attendre que quelqu’un daigne s’intéresser à lui. » Ce qui est fait aujourd’hui.
L’art d’Oskar Bergman part d’une évidente scrutation de la nature qu’il restitue en des paysages tout à la fois d’un extrême réalisme, d’une préciosité à rechercher dans les paysages de l’âge d’or flamand, le tout empreint d’un évident voile poétique, enchanteur presque avec parfois une certaine touche de naïveté qui rend encore plus touchant sa vision rousseauiste.
Certaines autres œuvres de par leur dénuement, leur représentation allant à l’essentiel dans une grande virtuosité picturale, nous font penser d’évidence à certains maîtres japonais et leurs images « du monde flottant » (ukiyo-e) dans lesquelles la traduction de la beauté de la nature se résume à en retenir que ses éléments et composantes les plus harmonieux. Et enfin, pour d’autres œuvres, le peintre exploite des clairs-obscurs, des ciels nuageux ou des sous-bois ombragés dans lesquels flottent une certaine vision romantique de la nature.
L’ensemble nous présente des représentations idylliques de paysages, rêvés sûrement, embellis peut-être aussi et qui donne à son travail un sentiment de merveilleux, « l’ordre du souvenir d’un lieu originel, paradis perdu ou forêt magique de conte » résume parfaitement Medhi Korchane qui co-signe le catalogue édité pour l’occasion.
Sans oublier enfin, une dose de réalisme voire de méticulosité, car lorsque l’on s’approche de ses œuvres, que l’on cesse d’être un simple spectateur de la beauté qu’il nous montre, et que l’on rentre réellement en communion avec son art, on est stupéfait de la finesse qu’il a mis à en assembler les composantes : troncs, cailloux, feuilles, pétales et cet incomparable rendu du velouté de la neige qui fait penser indubitablement à certaines œuvres de son confrère et contemporain Frits Thaulow.
Un art hors du temps qui ne semble être frôlé par aucun des « ismes » de cette époque de mutations, révolutions et bouleversements artistiques et qui revient à l’origine de nos émerveillements pour une nature intacte et aujourd’hui rêvée, car mise en danger…
Galerie Michel Descours et Benjamin Peronnet Fine Art
10, rue de Louvois paris 2e
Site de la galerie Descours : ici
Site de la galerie Benjamin Peronnet Fine Art : ici
Catalogue
Oskar Bergman sous la direction de Mehdi Korchane et Vibeke Rostorp
Éditions : Galerie Descours Et Benjamin Peronnet Bi-Lingue : Français Et Anglais. 146p. 90ill. env. 40 €