Avec le printemps reviennent, comme les bourgeons, les premiers salons qui inaugurent le réveil du marché de l’art en attendant les grandes ventes aux enchères qui vont ponctuer les mois de mai et juin. Pas moins de quatre salons d’importance en ce mois de mars : le plus ancien et sûrement le plus attendu comme chaque année : le Salon du Dessin qui ouvre le bal et ses portes du 22 au 27 mars toujours dans le Palais Brogniart, l’ex Bourse de Paris. Suivit un jour après, le 23, par Drawing Now (l’ancien Salon du Dessin contemporain) au Carreau du Temple et ce petit nouveau, Paris Print Fair qui, pour sa deuxième édition, retrouvera le Couvent des Cordeliers. Et enfin, le 30 mars ce sera au tour de Art Paris Art Fair qui semble s’installer définitivement au printemps et investira le Grand Palais Éphémère. Ajouté à ces quatre le PAD Paris, DDessin, et le très contemporain a ppr oc he !
De l’ancien au plus contemporain, peinture, dessin, sculpture, estampe, photo ce mois de mars offre une très grande diversité pour tous les collectionneurs et toutes les bourses © Ph.: W. Konarzewski
LE SALON DU DESSIN
En plus de 30 ans d’existence, ce Salon du Dessin est aujourd’hui reconnu par tous d’un haut niveau, voir même comme le meilleur salon au monde sur la spécialité ! Ceci grâce à deux paramètres qui peuvent paraître évidents et qui, ici, se conjuguent à merveille : les meilleures galeries, présentant des œuvres de grande qualité et souvent inédites sur le marché. Trop souvent considéré comme le parent pauvre dans l’œuvre d’un artiste – ce qui n’est en rien vrai – le dessin peut s’avérer être une belle initiation au monde de l’art pour les collectionneurs débutants, constituant souvent aussi une approche financièrement plus abordable pour acquérir des œuvres d’artistes reconnus. Aujourd’hui très prisé, il est pour beaucoup d’amateurs le thème unique de leur collection.
Le dessin a échappé très tôt à la destination commerciale qui fut celle de la peinture, et ne fascinera les élites qu’à partir du XVIIIème siècle. « Le dessin correspond à la sensibilité d’aujourd’hui où l’image est fondamentale » analyse l’un des membres organisateurs du Salon du Dessin. Un goût qui résulte aussi de l’attention que l’on porte aujourd’hui à l’artiste grâce à une technique qui permet d’accéder au monde secret et intime de l’atelier. Mais pas seulement. Le dessin s’avère aussi être un exercice différent pour d’autres et d’y mettre autant de talent et de recherche que dans leurs œuvres faites par ailleurs. Le dessin enfin, permet d’aborder l’art ancien avec non seulement un choix plus vaste qu’en peinture et à des prix qui souvent sont très éloignés des œuvres sur toile, chères et rares. Le tout étant de bien choisir ses « feuilles » et de se faire conseiller.
Girolamo Francesco Maria Mazzola dit Parmigianino (1503 - 1540). Étude d'un couple d'amants © Courtesy Jean-Luc Baroni & Marty de Cambiaire
Giovanni Boldini (1842 -1931). Cahier de dessins, vers 1878-1880 © Courtesy Galerie Bottegantica
Carl Olof Larsson (1853 - 1919). Jeune fille assise © Courtesy Galerie Grand-Rue Marie-Laure Rondeau
Louis Marcoussis (1883 - 1941). Composition au portrait, poisson et clair de lune, vers 1926 © Courtesy Galerie Berès
Jean Hélion (1904 - 1987). Composition », 1934 © Courtesy Galerie La Présidence
Jean Dubuffet (1901 - 1985). Cycliste aux champs, 1943 © Courtesy Waddington Custot
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Le salon du dessin est la foire préférée des galeries, juste après la Tefaf, selon une étude qui avait été effectuée par The « Artnewspaper ». Ce salon draine en général plus de 15 000 amateurs, un chiffre en augmentation et, à son habitude, seuls 39 exposants y accèdent, les meilleurs de la spécialité. Cette année, on reporte le même nombre de participants, preuve de la sévérité de la sélection. Durant cinq jours, dans les allées, aujourd’hui calmes et même un brin sépulcral de ce qui fut le temple du capitalisme français, vingt-et-une galeries françaises et donc dix-huit étrangères, vont proposer des œuvres parmi les plus belles et prestigieuses disponibles sur le marché. Des œuvres d’artistes couvrant plusieurs siècles et plusieurs médias.
Et comme toujours en marge du salon deux expositions. La première permettra la découverte des dessins du Musée de l’Armée qui abrite une collection encore peu connue d’environ 10.000 œuvres sur papier. La sélection qui nous est proposée,
Hans Hartung (1904 – 1989), Composition, 1957 © Courtesy Galerie de la Présidence / Adagp Paris 2023
ira du XVIe au XXIe siècle, et nous invitera à découvrir la diversité de cette collection et le vaste champ thématique que peut offrir le monde militaire. La seconde exposera sera un hommage rendu à Ger Luijten, décédé brutalement le 19 décembre 2022, qui présida avec talent, érudition et gentillesse, pendant douze ans, la Fondation Custodia. Fidèle au Salon du dessin, il y avait acquis de nombreuses feuilles, dont une sélection sera exposée dans un espace dédié au sein du Salon. Et enfin, comme tous les ans depuis 2010, sera décerné le Prix du dessin contemporain de la Fondation Daniel & Florence Guerlain. Cette année, le prix s’est attaché à mettre en lumière des artistes d’art brut et les trois artistes sélectionnés sont Pascal Leyder, Mehrdad Rashidi et Melvin Way. Leur travail sera montré au Salon du dessin où le nom du lauréat sera annoncé le jeudi 23 mars 2023.
Palais Brogniart, place de la Bourse (2ème)
Du mercredi 18 au lundi 23 mai de 12h à 20h, le jeudi 19 mai nocturne jusqu’à 22 h.
Le week-end de 11h à 20h et le lundi 23 mai 12h à 19h.
Accès :
Métro : ligne 3 : station Bourse
Bus : lignes 20 et 29 : arrêt Bourse
Site du salon : ici
ART PARIS ART FAIR
Cette année, cette foire de printemps fête ses 25 ans d’existence et se tiendra au Grand Palais Éphémère, elle qui l’avait inauguré en septembre 2021. Comme les années précédentes, cette édition 2023 d’Art Paris Art Fair, qui se veut moins élitiste que sa consœur automnale la Paris+ Art Basel (ex-FIAC) a pourtant, de plus en plus tendance à devenir une « sister fair » avec bon nombre de galeries que l’on retrouve dans chacune et ses organisateurs disant eux-mêmes vouloir « poursuivre la montée en gamme de la foire ». Ce sont donc avec près de 70 000 visiteurs en 2022 (contre à peine 40 000 pour l’édition 2022 de Paris + Art Basel) qu’Art Paris Art Fair est devenue la grande foire de printemps attendue. L’édition 2023 réunira 134 exposants (vs 112 l’an passé) venant de 25 pays avec un tiers de nouvelle présence dont 33 % de nouveaux participants.
En nos temps troublés, au sein de la foire, Marc Donnadieu a demandé à 20 galeries de sélectionner 20 œuvres poussant à réfléchir sur les grands enjeux du moment que sont la guerre à notre porte, immigration, oppression… « « Résister c’est exister », nous rappelle Germaine Tillion. Si l’art ne change pas le monde, certains artistes résistent coûte que coûte et s’opposent aux coups portés » conclut Marc Donnadieu.
André Masson. Mythologie des Halles, 1964 © Courtesy Galerie Jacques Bailly / Adagp Paris 2023
Hans Reichel. Komposition mit blaugelbem Schein mit glühender Sonne, 1939 © Courtesy Galerie Jeanne Bucher Jaeger
Maurice Estève. Composition 1969 © Courtesy Galerie Brame & Lorenceau
Joan Miró. Femme, oiseau, étoiles , 1942 © Galerie Traits noirs / Adagp Paris 2023
Geneviève Asse. Sans titre , 1986 © Courtesy Galerie Claude Bernard
Simon Hantaï [2] Etude, 1970 Galerie Jean Fournier
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Le thème de l’exil sera aussi évoqué par Amanda Abi Khalil, commissaire invitée, qui vient mettre en lumière les exilés qui fuient la guerre, l’oppression, la misère, la dictature au travers d’un « panorama de positions, d’images, de recherches et de langages d’artistes exilés dont les œuvres traitent de l’exil comme processus complexe, poreux, et personnel, pour l’entendre au-delà de sa connotation strictement géographique ou identitaire. »
Seize galeries joueront la carte d’expositions monographiques, offrant à un seul artiste l’ensemble de leur stand comme Vincent Bouliès (Galerie La Forest Divonne), Robert Couturier (Galerie Dina Vierny), Jean Dewasne (Galerie Patrice Trigano), Yann Kebbi (Galerie Martel), Yann Lacroix (Galerie Anne-Sarah Bénichou), Nils-Udo (Galerie Pierre-Alain Challier), Jean-Pierre Pincemin (Galerie Dutko) et Gérard Schneider (Alexis Lartigue Fine Art), entre autres. Et enfin comme par le passé, le secteur « Promesses » dédié aux jeunes galeries de moins de six ans d’existence, offre un éclairage prospectif sur la pointe avancée de l’art contemporain
Art Paris Art Fair
Du 30 mars au 2 avril 2023
Grand Palais Éphémère, Place Joffre, 75007 Paris
Ouvertures :
Jeudi 30 mars de midi à 20h, vendredi 31 mars de midi à 19h
Samedi 1er avril de midi à 20h. et dimanche 2 avril de midi à 20h
Accès :
Métro : ligne 8 : station École Militaire
Bus : lignes 20, 80, 82, 87, 92 : station École Militaire
RER C : station Tour Eiffel
Site de la foire : ici
DRAWING NOW, LE SALON DU DESSIN CONTEMPORAIN
Pour sa 16e édition, ce salon retrouve tout naturellement le Carreau du Temple de ses débuts, un salon qui est devenu, en plus d’une décennie, une manifestation reconnue, attendue, véritable pendant pour le contemporain de celui de la Bourse. Il s’est internationalisé aussi et accueillera pour son édition 2023 45% de galeries étrangères sur les 73 attendues et peut s’enorgueillir de plus de 20 000 visiteurs l’an passé ! Différents événements vont ponctuer ces cinq jours d’ouverture. Initié et dirigé par deux femmes, le salon fera cette année la part belle aux artistes féminins au travers d’une présentation titrée « Le prisme du féminin : machines, ovocytes, fils, potions »
Afin, explique Joana P.R. Neves, commissaire de l’exposition « rendre hommage à certaines d’entre elles, ainsi que quelques hommes, qui à travers leur œuvre dessinée ont pu avoir un rôle déterminant et même pionnier. Tania Mouraud, par exemple, est considérée, avec tendresse, comme la grand-mère du Street Art. Vera Molnar est une pionnière de l’emploi systématique de l’informatique dans le dessin. Pierrette Bloch, quant à elle, a utilisé le fil de crin, dans un clin d’œil à la couture, comme ligne matérialisée du dessin, ou même de l’écriture ». Une vingtaine d’artistes seront présentées parmi lesquelles on trouvera, en plus de celles citées plus haut, Marlène Dumas, Hélène Delprat, Agnes Martin, ou Louise Aleksiejew parmi d’autres.
Anne et Patrick Poirier. série Dante, 2020 © Galerie Jean Christophe Lett / Adagp Prais 2023
Dias & Riedweg. Desenhos da quarentena (2), 2022 © Courtesy Bendana Pinel
Valerie Novello, Recoller, Récolte, 2022 © Courtesy de l’artiste et Galerie La Forest Divonne Paris Brussels
Ce rendez-vous de découvertes permettant l’acquisition, à des prix pour certains très abordables, d’œuvres d’artistes en devenir ou émergents, mais qui a surtout pour mérite premier de présenter des artistes souvent peu vus et exposés, à côté d’autres reconnus et majeurs. Et naturellement le Prix Drawing now sera décerné pour la 12ème fois à un jeune artiste. L’an passé c’est Karine Rougier qui fut récompensée.
À noter enfin que cette année, Drawing Now Art Fair et le Salon du Dessin s’associent afin de proposer une billetterie commune à leurs publics. Un billet jumelé qui donne accès aux deux salons
Carreau du Temple, 4 rue Eugène Spuller (3e)
Du 23 au 26 mars 2023
Ouvert de 11h à 20h (19h le dimanche)
Accès
Métro
Ligne 3 : station Temple
Lignes 3, 5, 8, 9 et 11 : station République
Bus
Lignes 75 et 20 : arrêt Square du Temple
Lignes 91 et 96 : arrêt Jean-Pierre Timbaud
Lignes 56 et 91 : arrêt République – Voltaire
Site du salon : ici
PARIS PRINT FAIR
Un nouveau salon qui fête sa deuxième édition c’est Paris Print Fair qui se positionne sur le marché du multiple, de l’estampe plus exactement avec toutes les techniques qui sont regroupées sous ce terme générique : gravure, lithographie, xylographie, eau-forte, etc. Étonnant de ne pas avoir en France créé un tel salon avant, alors qu’il existe à Londres un salon sur ce média depuis… près de 40 ans (London Original Print fair), salon qui aura lieu cette année à la Sommerset House du 30 mars au 2 avril. C’est donc fait chez nous et l’an dernier, pour sa première édition, il a prouvé qu’il avait toute sa place dans le concert printanier des manifestations.
Inutile de présenter l’estampe, qui reste très populaire, permettant, bien souvent, d’acquérir, à moindre coût que des œuvres uniques, des « feuilles » signées par les plus grands. De grandes collections, comme celle de Henri-Marie Petiet, furent « montées » sur ce média.
Le salon fait la part belle à toute l’histoire de ce média puisqu’on peut y trouver des œuvres du XVe siècle à nos jours. Quasiment tous les artistes y ont vu là une façon de toucher le plus grand nombre d’amateurs puisque de Rembrandt, Calot, Dürer et Piranese jusqu’au artistes les plus contemporains ou modernes comme Picasso, Matisse, Chagall, Miro ou Soulages pour ne citer que les plus grands, tous ont eu à cœur d’y offrir le meilleur de leur art. Toutes les écoles, les genres, les mouvements sont représentés sans oublier les estampes japonaises que la galerie Bei der Oper présentera des gravures et estampes de l’ère de l’Edo ou encore de l’école d’Osaka.
Albrecht Dürer (1471-1528). The Men’s Bath. Circa 1496/1497 © Galerie Helmut Rumbler
Utagawa Hiroshige (1797–1858). Izumi, Takashi no hama (Izumi Province: Takashi Beach), 1853 © Galerie bei der Oper, Vienne
Pierre Soulages. Lithographie n°26, 1969 © Galerie : Le coin des arts / Adagp 2023
« La Paris Print Fair est un point de rencontre entre marchands, collectionneurs et institutions, où les exposants se veulent aussi bien vecteurs de connaissance qu’interprètes d’une histoire. C’est une foire qui se veut témoin de l’importance de l’estampe dans sa fonction de diffusion d’images au fil des siècles, en illustrant les mémoires de civilisations de la terre entière et en nous donnant accès à des œuvres d’artistes incontournables du XVe au XXe siècle. » précise Christian Collin, président de la Chambre syndicale de l’estampe, du dessin et du tableau. Une vingtaine de galeries et éditeurs se retrouveront dans l’historique réfectoire du Couvent des Cordeliers pour offrir de quelques centaines d’euros à plusieurs milliers, le meilleur de ce média qui méritait bien d’avoir son salon dédié.
Réfectoire des Cordeliers, 15 Rue de l’École de Médecine, 75006 Paris
Du 23 au 26 mars 2023
Ouvert :
Du jeudi 23 au samedi 25 mars de 11h à 20h
Le dimanche 26 mars 11h à 18h
Accès
Métro : ligne 4 et 10 : station Odéon
Bus : lignes 32, 58, 87 et 96 : arrêt Odéon
RER C : station Saint-Michel
Site de la foire : ici