Jeux olympiques obligent, la scène arty ne reste pas sur le banc de touche, puisque de nombreuses expositions auront pour sujet les J.O., mais surtout le sport en général. Des expositions labellisées « Olympiade Culturelle » tenues dans le cadre de nos Jeux olympiques de Paris 2024. En lice, entre autres, les musées Marmottan-Monet, Luxembourg, Louvre, Art et histoire du Judaïsme ou de l’Immigration qui ont tous trouvé, en fonction de leur spécificité, un angle pour nous parler du sport qui va investir – envahir ? – notre pays cet été.
Ferdinand Gueldry (1858-1945). Match annuel entre la Société Nautique de la Marne et le Rowing Club, 1883 © musée intercommunal de Nogent-sur-Marne
Gustave Courbet. Les Lutteurs, 1853 © Magyar Nemzeti Galéria, Budapest
Claude Monet. Régates à Sainte-Adresse, 1867 © Metropolitan Museum of Art. N.Y.
Gustave Courbet. La Femme au podoscaphe, 1865 © Murauchi Art Museum, Tokyo.
Frédéric Bazille. Scène d'été, ou Les Baigneurs, 1869 © Fogg Art Museum, Havard University. USA
Kees van Dongen. La Course, 1904 © Fondation Bemberg, Toulouse / Ph. : RMN-GP, M. Rabeau / Adagp, Paris 2024
Umberto Boccioni, 1913. Dinamismo di un ciclista © Peggy Guggenheim Collection, Venise
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En jeu ! Les artistes et le sport 1870-1930
De loin, l’affiche la plus alléchante est celle que nous propose le Musée-Marmottan Monet avec cette évocation artistique du sport pendant la période impressionniste et postimpressionniste. « Il se fait ainsi le témoin privilégié de la manière dont celui-ci a été acculturé par notre société en quelques décennies. Les artistes, en fins observateurs de leur temps, ont souligné l’importance de cette mutation, offrant au regard une gestuelle des corps en mouvement plus moderne et plus libre » explique, justifiant cette présentation, Erik Desmazières, directeur du musée.
Il souligne que, socialement, le temps gagné sur le travail et copiant le modèle anglais, le sport entre, peu à peu, dans les mœurs et vient aussi caresser de par sa pratique, le respect de l’autre, le goût de l’effort, de l’abnégation, du mérite, de l’esprit d’équipe et du fair-play. Et ces temps troublés par des alliances et des politiques qui vont de la guerre de 1870 à celle de 14-18, beaucoup vont trouver dans le sport une tentative de cohésion sociale… même si la pratique du sport reste, alors, l’apanage d’une certaine classe.
Et enfin, il ne faudrait pas oublier un certain Pierre de Coubertin qui eut cette idée humaniste de réhabiliter ces jeux antiques et olympiques qui, dans l’esprit, devaient voir s’affronter pacifiquement sur un stade, des peuples de différentes nations, cultures, religions, plutôt que par tranchées opposées… Vœu pieu qui sera, malheureusement, qu’un vœu.
Affiches, sculptures, peintures, dessins, photos et autres, rassemblés ici, nous montre que la thématique sport a emballé la plupart des grands noms d’alors et chacun la traitant à sa manière. Attendus, les noms de Gustave Caillebotte avec ses nageurs (Baigneurs, bords de l’Yerres, 1878), ou Frédéric Bazille (Scène d’été, 1869) tous deux traitent le sport sous l’angle du loisir… sauf à apercevoir, au second plan, deux jeunes qui s’essaient à la lutte. La lutte qui, étonnement, revient souvent sous le pinceau des artistes d’alors ! Un exercice qui met les peintres à l’épreuve, leur permettant un travail sur le corps, la gestuelle et l’effort. Une thématique qui en a séduit plus d’un ! À commencer par Paul Gauguin (Les Jeunes Lutteurs, 1888) qui met en scène deux gamins se chamaillant, suivi par Honoré Daumier (Le Lutteur, vers 1852-185), George Bellows (Club night, 1907), Alexandre Falguière (Les Lutteurs, 1875), Émile Friant (La Lutte, 1899), Gustave Courbet (Lutteurs, 1853), Natalia Gontcharova (Les Lutteurs, 1909) et même le gentil Camille Bombois (Les Lutteurs, vers 1928-1930).
Sur les hippodromes, on retrouve Toulouse-Lautrec et ses jours aux courses (Le Jockey, 1899 et Le Jockey, 1899) ainsi qu’Edgar Degas, dont on connaît aussi l’appétence pour les chevaux (Course de gentlemen. Avant le départ. 1862 et Cheval au galop sur le pied droit, modèle entre 1881 et 1890) suivis par Benjamin Herring II (Le Départ de la course des Cambrigeshire Stakes, 1867), Edouard Manet, lui aussi, nous entraîne à Longchamp (Les Courses à Longchamp, 1867) et jusqu’à Kees van Dongen (La Course, 1904). Tous travaillent sur la posture des jockeys et la musculature saillante des équidés.
Au fil de l’eau, on retrouve Alfred Sisley et ses régates (Les régates à Molesey, 1874), même sujet par Pierre-Auguste Renoir (Régates à Argenteuil, 1874) qui donne à voir cette partie de campagne, proche de Paris, fort prisée alors quand le train permettait enfin aux Parisiens de s’extraire le week-end de la capitale. Plus sportif, cette compétition de rameurs sur la Marne de Ferdinand Gueldry (Match annuel entre la Société nautique de la Marne et le Rowing-Club, vers 1883). Plus inattendu cette jeune femme qui affronte les vagues saisies par Gustave Courbet qui éclaircit là, d’une manière autre, son habituelle palette (La Femme au podoscaphe, 1865). Et naturellement cet autoportrait du grand Paul Signac à la barre de son voilier saisi là par Théo Van Rysselberghe (Paul Signac à la barre de son bateau l’Olympia, 1896). Signac qui fut autant marin que peintre est présenté en loup de mer, barre en main.
Patin à glace avec cette vaporeuse œuvre du grand Monet qu’on n’attendait pas là (Les Patineurs à Giverny, 1899). Football chez Robert Delaunay (L’Équipe de Cardiff, 1913) ou avec Henri (Douanier) Rousseau (Les Joueurs de football, 1908), improprement titré puisqu’il semble que ses joueurs utilisent leurs mains ! Autres jeux de balles comme les
Emile Friant (1863-1932). La Lutte, 1899 © Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole / ph.: Frédéric Jaulmes
joueuses de tennis de Maurice Denis (Nausicaa, jeu de balle, 1913) ou celles se renvoyant la balle par le peu connu Octave Guillonnet qui nous emmène sur le court avec des accents à la Bonnard (La Partie de tennis, 1925).
Dans cet inventaire à la Prévert, on peut aussi citer le cyclisme avec cette foule exaltée dans un vélodrome par Paul Signac (Le Vélodrome, 1899), mais c’est surtout le mouvement et le dynamisme qui préside l’œuvre du futuriste Umberto Boccioni (Dynamisme d’un cycliste, 1913), qui réussit à rendre mouvement et vitesse selon les préceptes du manifeste du mouvement de Marinetti.
Travaillant aussi sur le mouvement, on découvre une rare gouache de Robert Lotiron (La Décomposition des mouvements, vers 1920-1925) reprenant à son compte cette recherche du dynamisme et du mouvement qui n’est pas sans rappeler les travaux d’Eadweard Muybridge (présent avec Animal Locomotion Men Wrestling, 1872-1885) ou Étienne-Jules Marey dont plusieurs chronophotographies décomposent les actions d’un athlète en exercice (Course, 1890) et les travaux, sur les mêmes recherches de Georges Demeny (Chronophotographie d’un lancer de disque, vers 1906 ou Chronophotographie d’une course de haies par le moniteur Steiner, 13 juin 1906).
De nombreuses sculptures dont la spécificité est la plus à même de rendre en volume corps et mouvements comme avec cet iconique Héraclès archer (1906-1909) d’Antoine Bourdelle ou encore des lutteurs entremêlant leurs corps dans ce plâtre anonyme (Lutteurs dit Lutteurs Médicis, moulage fin XIXe siècle) complètent cette exposition qui remplit parfaitement cette thématique liant art et sport. On a trop souvent tendance à les penser antagonistes, ils sont ici magistralement réconciliés.
Musée Marmottan, 2 rue Louis Boilly, Paris (16e)
À voir du 4 avril au 1er septembre 2024
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Nocturne le jeudi jusqu’à 21 h.
Site de l’exposition : ici
L’olympisme, une invention moderne. Un héritage antique
Le musée du Louvre, lui, est fidèle à son fonds de commerce en nous proposant une très intéressante exposition sur les premiers jeux initiés par le baron de Coubertin et la recherche de leurs sources dans la Grèce antique qui les a vus naître. Il s’agissait, avant tout, pour ces pionniers du renouveau de l’olympisme – Pierre de Coubertin que l’histoire a surtout retenue – de bien comprendre les enjeux et l’histoire de ces jeux antiques. Pour se faire, ils s’appuyèrent sur des textes antiques avec le concours d’historiens et chercheurs, mais aussi et notamment, pour ces initiateurs, de prôner et encourager la valeur sport, la favoriser, et au travers des nations conviées, d’œuvrer pour la paix. Les premières olympiades modernes eurent lieu à Athènes en 1896, et 4 ans plus tard les premiers jeux de Paris, à l’occasion de l’Exposition Universelle. C’est cette histoire que nous raconte l’ouverture de l’exposition.
Émile Gilliéron. Timbre : 2e édition commémorative pour la Mésolympiade de 1906 © Musée de la Philatélie et desPostes, Athènes.
Coupe à figures rouges, manière du peintre d’Antiphon (vue de l’intérieur). Athènes, v. 490 av. J.-C. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Christian Larrieu.
Course à pied (dromos), d’après l’amphore panathénaïque attribuée au peintre de Berlin © École française d’Athènes.
Une exposition qui s’ouvre par un rappel historique sur la création de ces Jeux olympiques modernes avec quelques figures aujourd’hui oubliées (des figures méconnues d’historiens et d’hommes politiques comme Dimitrios Vikélas, Michel Bréal ou Spyridon Lambros), qui furent de ce renouveau, aux côtés de Pierre de Coubertin, « En cherchant à comprendre le sport grec à partir de l’étude des textes antiques et des témoignages archéologiques, ces historiens et érudits ont réinventé les concours de la Grèce antique. ».
Acmé des J.O. et qui souvent les clôture : le marathon ! C’est le collaborateur et ami de Coubertin, Michel Bréal, professeur au Collège de France, qui eut l’idée d’une épreuve reprenant le souvenir de la bataille de Marathon qui opposa Athéniens et Perses en 490 avant notre ère. Si cette course ne figurait nullement dans les J.O. antique, Bréal y voyait là « une saveur antique. Si nous savions le temps qu’a mis le guerrier grec, nous pourrions établir le record. » écrit-il à Pierre de Coubertin en 1894. Et c’est le même Bréal qui propose encore à Coubertin d’associer les jeux Olympiques au mouvement international pour la paix.
Pour la population de l’époque, il s’agissait avant tout de donner une visibilité à ces premiers JO et de les ancrer, sinon dans une tradition, du moins de les rattacher à ses anciens ancêtres grecs. Responsable de l’invention de cette nouvelle communication, se trouve un certain Émile Gilliéron, suisse installé en Grèce depuis 1876. Inconnu du grand public, il était pourtant le dessinateur de la famille royale et le collaborateur de nombreux archéologues, grecs et étrangers, qui ont travaillé en Grèce. Il fut choisi pour être l’artiste officiel des Jeux olympiques de 1896 et de la Mésolympiade de 1906. Fort de son expérience sur les terrains de fouille, il plonge dans les artefacts archéologiques, pour en tirer bon nombre de représentations qui servirent à illustrer affiches, timbres, cartes postales et autres trophées. Il va ainsi créer toute une iconographie olympique que nous retrouvons ici. Quant au symbole fort des J.O. que sont ces 5 anneaux enchevêtrés, on le doit à Pierre de Coubertin qui griffonne, en 1913, cette idée avec des crayons de couleurs. Un graphisme simple, efficace, facilement lisible, représentant les 5 parties du monde « formant une chaîne, symbole de la solidité du lien olympique que rien ne peut rompre. »
Luc-Olivier Merson (1846-1920) Philippidès, le soldat de Marathon, 1869 © Paris, École nationale des Beaux-Arts
Musée du Louvre. Galerie Richelieu, Paris (1er)
À voir du 24 avril au 16 septembre 2024
Tous les jours de 9h à 18h excepté le mardi
Nocturne jusqu’à 21h45 le mercredi et le vendredi
Site de l’exposition : ici
André Steiner. Le corps entre désir et dépassement
Depuis les débuts de la photographie, la photo de sport fut l’un des vecteurs importants qui a accompagné les sportifs. Soit pour des études sur le mouvement avec les chronophotographies de Marey, Muybridge ou Demeny travaillant sur la décomposition des actions, soit aussi et surtout pour mettre sur le devant de la scène, les exploits des sportifs que l’on pouvait retrouver, dès 1910, dans une presse sportive. Si la plupart des photographes de sport sont méconnus – à contrario de ceux agissant dans d’autres secteurs (illustration, mode, société…) c’est sûrement que leur domaine était considéré comme documentaire et non regardé sous un biais artistique. Il n’en reste pas moins qu’ils sont une part importante de ce média, et que certains, comme André Steiner (1901-1978), s’appliquèrent à donner à leurs images une dimension plastique.
À ce sujet, le Musée d’Art et d’histoire du Judaïsme nous présente une soixantaine de clichés d’André Steiner, l’un des pionniers de la photographie sportive en France. Les premières années de sa vie en Hongrie, où il est né en 1901, semblent peu documentées.
Arabesque aérienne, vers 1935 © Centre Pompidou, Paris / Dist. RMN-Grand Palais, N. Steiner-Bajolet
Danseuse (Lisa Fonssagrives), vers 1935 © Centre Pompidou, Paris / Dist. RMN-Grand Palais, N. Steiner-Bajolet
Publicité pour un costume de bain, vers 1936 © Centre Pompidou, Paris / Dist. RMN-Grand Palais, N. Steiner-Bajolet
À ce sujet, le Musée d’Art et d’histoire du Judaïsme nous présente une soixantaine de clichés d’André Steiner, l’un des pionniers de la photographie sportive en France. Les premières années de sa vie en Hongrie, où il est né en 1901, semblent peu documentées. Il suit, au début des années vingt, une formation scientifique à la Technische Universität de Vienne où il découvre la photographie. En 1928, face à la montée de l’antisémitisme à Vienne, il décide de quitter l’Autriche pour Paris, et de se consacrer exclusivement à la photographie, lui qui fut, en 1924, l’un des premiers utilisateurs du Leica. Il ouvre un studio avenue Gambetta, puis rue Louis-le-Grand, et multiplie les collaborations avec la presse.
Le temps est à l’avènement d’une nouvelle vision née avec les préceptes du Bauhaus et les essais photographiques des Rodtchenko ou Moholy-Nagy. Dans l’air de son époque, Steiner s’attache à travailler ses angles de prises de vue. Il en devient expert et truffe ses clichés de déformations, points de vue inhabituels ou superpositions.
Sportif accompli, ce champion de décathlon aux Jeux universitaires mondiaux de 1928 et entraîneur de natation à Vienne, va s’orienter naturellement vers la photographie sportive, domaine encore peu usité. Lui qui, s’était « fait la main » en faisant des nus de sa jeune épouse, retrouve avec les athlètes ce travail sur le corps et le mouvement. François Cheval, commissaire de l’exposition, raconte : « Adepte de l’idéal communiste – il a pris part en 1919 à l’éphémère République des conseils de Hongrie – il considère le corps photographié comme un manifeste autant individuel que social. Dans les années 1930, cette conception morale du corps est partagée par le magazine VU, pour lequel André Steiner réalise des clichés sur le sport et la danse… Dans les années 1930, le corps photographié dans sa saisie directe est un manifeste. Pour André Steiner, le corps, le nu en particulier, est une image dépouillée, centrée sur les conséquences de l’effort. À la quête du mouvement fait place une esthétique sculpturale. »
Musée d’art et d’histoire du Judaïsme. 71, rue du Temple, Paris (3e)
À voir du 16 mai au 22 septembre 2024
Du mardi au vendredi : 11 h à 18 h et les samedi et dimanche : 10 h à 18 h
Site de l’exposition : ici
Olympisme, une histoire du monde
Le Palais de la Porte dorée, qui abrite le Musée de l’Immigration, apporte sa pierre à l’édifice « Olympiade culturelle » en s’emparant de cet événement pour tenter de nous raconter la saga olympique à travers les crises, les luttes, les exploits et les combats majeurs qui ont façonné notre monde contemporain. Pour ce faire, l’exposition retrace, en 600 œuvres, images, films, documents, coupures de presse, 130 ans d’évolutions géopolitiques, politiques, sociales et culturelles depuis la création des Jeux olympiques modernes, et ce, à travers les exploits des plus grands champions et championnes olympiques.
Olympiades [féminines] de Monte-Carlo 1920, 74m haies, miss Wright [à gauche] © Bibliothèque nationale de France
Jeux Olympiques de Mexico (1968). Sur le podium du 200m, les athlètes étasuniens Tommie Smith (médaille d’or) et
John Carlos (médaille de bronze) lèvent un poing ganté de noir en référence au Black Panther Party qui lutte pour l’égalité raciale aux Etats-Unis. © Getty Images
Juillet 1908. John Taylor (États-Unis) et ses coéquipier du relais olympique Nate Cartmell, Mel Sheppard et William F.Hamilton © Collection University Archives of Pennsylvania
Le parcours chronologique plonge le visiteur dans les coulisses de chacune des 33 olympiades, d’Athènes en 1896 à Paris en 2024. Cette histoire, qui nous est ici racontée, l’est aussi à l’aune des luttes en faveur de l’égalité, luttant contre le racisme et toutes autres formes discriminations et s’ouvrant à toutes les nations du monde. Car si l’idéal sportif se veut de gommer toutes différences et ostracismes, il fut aussi un enjeu géopolitique quelquefois mis au service des démocraties comme des dictatures.
Musée national de l’Immigration
Palais de la Porte Dorée. 293, avenue Daumesnil, Paris (12e)
À voir du 26 avril au 8 septembre 2024
Ouvert du mardi au vendredi de 10h à 17h30
Le samedi et le dimanche de 10h à 19h
Site de l’exposition : ici
Match. Design et sport – une histoire tournée vers le futur
Inattendue ici au musée du Luxembourg, cette thématique aurait semblé plutôt à sa place à la Cité des Sciences et de l’industrie ! Une exposition qui, au travers de 150 pièces (beaucoup d’objets, mais aussi des dessins, photos prototypes et documents), vient nous raconter une autre histoire du sport : celle du design, qui va permettre après de sérieuses études, prototypage et essais d’améliorer les performances en créant des objets aussi divers qu’une chaussure de course, un casque profilé pour records de vitesse sur piste, une selle de cheval, une monopalme de nageur, un soutien-gorge pour coureuse, une manette pour jeu vidéo ou un fauteuil handysport et jusqu’à la robotique !
Ottobock Invader, fauteuil roulant de rugby, 2021 © Ottobock
Sopras Apnea. Monofin, 2022 © SOPRAS APNEA
Luigi Colani & Fritz Egli. MDR 1, moto de course, 1986 © Jo Soppa/SIRS
S’ajoute à cet inventaire technique à la Prévert, de nombreux documents comme le dessin des anneaux olympiques de la main de Coubertin, les essais pour des logos ou des plans d’architecture de stade. Un survol qui commence avec le discobole antique et nous entraîne à découvrir le super-athlète de demain… Et qui semble annoncer, peu à peu, le retrait de l’humain au bénéfice de la technologie.
Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, Paris (6e).
À voir du 13 mars au 11 août 2024
Ouvert du lundi au dimanche de 10h30 à 19h30
Nocturne le lundi jusqu’à 22h
Site de l’exposition : ici
Victor Hugo s’escrime
Plus inattendue que l’exposition au Musée du Luxembourg, celle que nous présente la Maison de Victor Hugo ! On ignorait que l’auteur des Misérables était un sportif accompli… apparemment non. La thématique ici est traitée en forme de parabole partant de la pratique de l’escrime répandue au XIXe siècle (duels pour des raisons politiques, d’honneur ou des chamailleries littéraires) et s’appuyant sur la pratique de ce sport au sein de la famille du grand homme puisque, comme artefact, on nous avance une photographie de Victor Hugo et de son fils Charles ainsi que des masques conservés dans la maison d’exil d’Hugo, Hauteville House, à Guernesey.
Goulatromba, dessin de Victor Hugo, vers 1839- 1840 © Paris Musées / Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey
Charles et Victor Hugo en habit d’escrime, Photographie d’ Auguste Vacquerie, 1854-1855 © Paris Musées / Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey
Illustration pour « Marion de Lorme » par L. Boulanger, 1836 © Paris Musées / Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey
Fil de départ tiré ensuite afin de mettre en avant les duels trouvés dans l’œuvre de l’écrivain. Pour boucler la parabole, l’exposition nous entraîne dans les scènes de duels trouvées dans l’œuvre jusqu’aux combats humanistes que Victor Hugo va défendre toute sa vie : la justice, la liberté, la paix, la fraternité. Et la présentation, reprenant un à un ces thèmes, déroule ce qui s’en rattache dans l’œuvre comme dans l’action de celui qui fut aussi député, président du Congrès de la Paix, farouche opposant à la peine de mort et ses bisbilles avec la censure. Ce vieux « briseur de chaînes » fut, lui aussi, dans sa vie et à sa manière, un sportif endurant et de longue haleine.
Maison de Victor Hugo. 6, place des Vosges, Paris (4e)
À voir du 25 avril au 15 septembre 20204
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 17h40
Site de l’exposition : ici
Histoires paralympiques
L’histoire des jeux paralympiques, apprend-on ici, au Panthéon, date de 1948 ! Enfin, l’esprit surtout, puisque cette année-là, en parallèle des JO organisés à Londres, fut organisé des « jeux hospitaliers » dans l’hôpital de Stoke Mandeville. Ces « jeux » furent suivis d’une autre journée, en extérieur, le 29 juillet 1948, jour de l’ouverture des Jeux olympiques, avec une compétition de tir à l’arc par des sportifs en fauteuil. Cela peut paraître succinct, mais ce premier pas sema la graine de la prise en considération des handicaps. Idée qui fit gentiment son chemin puisqu’il faudra attendre 1960 pour voir éclore de véritables jeux paralympiques, tels que nous connaissons, et qui eurent lieu lors des JO de Rome en 1960, mais… qui demeurent encore réservés aux blessés en fauteuil roulant.
Sauteur en hauteur unijambiste, association paraplégique, 1966 © Collections du Musée national du Sport, Nice,
Vainqueur d’une course aux Jeux paralympiques de Séoul, 1988 © Collections du Musée National du Sport, Nice
Terezinha Guilhermina et Guilherme Soares de Santana. Finale du 100m femme. Jeux paralympiques de Londres 2012 © Clive Chilvers / Alamy Stock Photo
Mais progressivement, les personnes amputées, puis aveugles et malvoyantes (Jeux de Toronto en 1976), obtiennent leur participation officielle. Il faudra encore attendre 1984, aux Jeux de New York, pour voir l’intégration des sportifs ayant une infirmité motrice cérébrale.
L’exposition au Panthéon nous résume cette histoire de l’intégration des handicaps dans la sphère olympique au travers d’archives, affiches, photographies, matériels sportifs, objets et documents audiovisuels. « L’enjeu est de mettre en évidence d’une part le processus d’intégration progressive d’athlètes ayant une diversité de handicaps et, d’autre part, la mutation des discours, images et matériels associés aux pratiques compétitives.».
Panthéon, place du Panthéon, Paris (5e)
À voir du 11 juin au 29 septembre 2024
Ouvert tous les jours de 10h à 18h30
Site de l’exposition : ici
Le Corps en mouvement
Le Petit Palais se met lui aussi au diapason de notre été sportif en axant une exposition autour du corps… l’évident et indispensable outil de tout sportif. Présentation montée en recherchant dans ses collections matière à alimenter ce thème au travers d’une cinquantaine d’œuvres allant de l’Antiquité au début du XXe siècle. Ces peintures, sculptures, objets d’art mais également dessins et estampes du musée, ont été sélectionnés pour leur mise en valeur du corps, de l’anatomie et du sport et sont répartis en sept sections.
L’Antiquité ouvre l’exposition en évoquant naturellement les jeux antiques comme cette statuette d’un discobole (vers -490) ou cette coupe du Grec Euphronios (vers -490). Cette introduction suivit par des représentations du corps durant les siècles qui suivirent… même si ces représentations sont éloignées de la pratique sportive, on y retrouve bien les corps en mouvement comme avec cette académie d’homme assis par Rembrandt ou des lutteurs par Alexandre Falguière.
Sauteur en hauteur unijambiste, association paraplégique, 1966 © Collections du Musée national du Sport, Nice,
Rembrandt van Rijn, Académie d’un homme assis à terre, 1646 © Paris Musées / Petit Palais.
À gauche : Léon-François Comerre, Bicyclette au Vésinet, 1903 © Paris Musées / Petit Palais.
À droite : Serge Youriévitch, La Danseuse Sacha Lyo, 1932-1933 © Paris Musées / Petit Palais.
Terezinha Guilhermina et Guilherme Soares de Santana. Finale du 100m femme. Jeux paralympiques de Londres 2012 © Clive Chilvers / Alamy Stock Photo
On retombe sur ses pieds avec une « parenthèse dansante » montrant qu’à toutes les époques, la danse a fasciné les artistes, désireux d’en capturer l’essence, comme Carpeaux avec ses Trois Grâces (1874), Serge Youriévitch et La Danseuse Sacha Lyo (1932-1933) ou une sculpture virevoltante de François-Rupert carabin, La Belle Otéro, 1898-1900. Les autres sections montrent l’émancipation des femmes en cavalières ou cyclistes (Léon-François Comerre, Bicyclette au Vésinet, 1903 ou Jacques-Émile Blanche, Mademoiselle Meuriot sur son poney, 1889). Suit une évocation des jeux d’enfants et enfin l’arrivée de l’olympisme à la fin du XIXe siècle et jusqu’aux jeux modernes avec ce nageur par Augustin Rouart (1943) entre autres.
La vraie bonne et belle idée de cette exposition est la section Paroles d’Athlètes pour laquelle Annick Lemoine, directrice du Petit Palais, a demandé à 12 athlètes de choisir chacun une œuvre dans les collections, œuvre qui fait particulièrement écho à son sport et à sa pratique, à sa vie personnelle, à l’art du geste parfaitement exécuté, à ses ambitions… À retrouver chacun dans une vidéo.
Musée des Beaux-Arts
Petit Palais, avenue Winston Churchill (8e).
À voir du 15 mai au 17 novembre 20204
Tous les jours sauf le lundi de 10h à 18h
Nocturne vendredi et samedi jusqu’à 20h
Site de l’exposition : ici