Cette face peu connue du grand sculpteur suisse, les sculptures peintes, fait l’objet d’une très intéressante et curieuse présentation dans ce magnifique hôtel particulier qui abrite la fondation et l’institut Giacometti. La sculpture peinte, une tradition et une pratique qui, pourtant, date de l’Antiquité.
Exposition Ne pas parler de sculptures peintes à la fondation Giacometti-Institut jusqu’au 3 novembre 2024
Vue d’une des salles © ph.: Institut Giacometti
Les sculptures peintes, un aspect peu connu et intime que nous présente la fondation Giacometti dans une exposition, composée essentiellement, de ses plâtres peints. Inès de Bordas, commissaire de l’exposition, nous en révèle la genèse : « Dès sa jeunesse, l’idée de polychromie est là, une idée née très jeune dans l’atelier de son père en Suisse, face à un buste de la figure paternelle dû à un artiste local. Un buste très bien, mais dont il ne supportait pas la blancheur ! Il a pris des pinceaux, la peinte afin de la trouver beaucoup plus vivante, plus ressemblante. La ressemblance et question du vivant, qui est l’essence de son œuvre, est donc là depuis le début. »
Ci-contre à gauche : Alberto Giacometti, Homme à mi-corps, 1965.
Ci-dessus : Alberto Giacometti, Quatre figurines de Londres, version A 1965.
Ci-contre à droite : Alberto Giacometti, Tête d homme sur socle 1949-1951.
Toutes œuvres © Fondation Giacometti / Succession Alberto Giacometti / Adagp Paris 2024.
Cette recherche de vie, de ressemblance se retrouve depuis des millénaires dans la sculpture. À commencer par les Égyptiens et les « portraits du Fayoum » – qui ont tant fasciné Giacometti – jusqu’au Moyen-Âge et la statuaire en façade des cathédrales, sans oublier, de nos jours encore, bon nombre statues votives que l’on trouve dans nos églises. La ressemblance, la vie ont de tout temps animés la statuaire
La couleur fait partie de la sculpture !
C’est après-guerre, suite à la demande de Pierre Matisse son galeriste new yorkais, que Giacometti s’adonne à réaliser toute une série de sculptures en plâtre qui sont souvent peintes. Et de recommander à son marchand : « Il ne faut pas parler de sculptures peintes, seulement de sculptures, la couleur fait partie de la sculpture, elles sont peintes à l’huile comme les tableaux ». La fondation, qui conserve l’essentiel de sa collection de plâtres peints, révéle ainsi au public une part émouvante et secrète de l’œuvre de l’artiste. Et si l’artiste présente, en 1947 chez Pierre Matisse, quelques tirages en bronze qu’il a peint, ceux-ci n’eurent aucun succès, d’autant que le temps même leur fit perdre leurs couleurs, à l’image de cet Homme qui marche I et de cette Grande femme I, tous deux de 1964, exposé dans la cour de la fondation Maeght et qui étaient peintes au moment de leur installation ; une peinture qui n’a pas résisté au temps et qui est, aujourd’hui, complètement disparue. Il n’en est pas de même des plâtres qui, eux, ont conservé leurs traces de chromie. L’exposition réunit un corpus exceptionnel de plâtres peints, dont Stèle (1958), les Femmes de Venise (1956-1957), plusieurs très grandes figures ; deux versions de La Cage (1949-1950) dont un bronze peint ; plusieurs peintures sur toile et un ensemble de dessins pour la plupart inédits.
Ne pas parler de sculptures peintes
Fondation Giacometti, 5, Rue Victor Schoelcher, 75014 Paris
À voir jusqu’au 3 novembre 2024
Accès :
Métro ligne 4 et 6 : Raspail ou Denfert-Rochereau
RER B : Denfert-Rochereau
Bus line : 38, 59, 64, 68 ou 88
Du mardi au dimanche : 10h – 18h Fermé le lundi
Site de l’exposition : ici
Catalogue
Co-édition Fondation Giacometti et FAGE éditions,
Catalogue bilingue français/anglais.
144 pages, 80 illustrations env., 26€