Novembre est, à son habitude, le mois de la photo avec le retour du salon Paris Photo qui génère, dans Paris, expositions en galeries, ventes aux enchères et une manifestation, Photo Saint-Germain autour des rues de Seine et Mazarine. Mais ce qui attire, comme tous les ans, exposants et collectionneurs venus du monde entier, c’est le salon Paris Photo qui fête cette année sa 27e édition.
Salon Paris Photo du 7 au 10 novembre au Grand Palais
En cette 27e édition, 195 galeries, venues du monde entier, ont fait le déplacement pour ce salon le plus important au monde sur le sujet © Ph.: D.R.
Harry Gruyaert. Belgium, Quartier de la gare du Midi, Bruxelles – 1981 © Harry Gruyaert / Courtesy Gallery FIFTY ONE
Claude Cahun. Claude Cahun Eye in hands, 1929 © Michael Hoppen Gallery
David Hockney. John St. Clair Swimming – 1972 © Equinox / David Hockney
Gordon Parks. Untitled, Paris, (Alberto Giacometti) – 1951© Jenkins Johnson Gordon Parks Foundation
Guy Bourdin. 20 Ans, ca. 1977 © Guy Bourdin estate / Michael Hoppen Gallery
Sayuri Ichida. Absentee #172 2020 © Ibasho / Sayuri Ichida
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En près de trois décennies, Paris Photo, qui fête, cette année, sa 27e édition, s’est imposé mondialement, en devenant le plus important salon consacré à l’image fixe, argentique, numérique et cette année, digitale même. L’édition 2024 sera, comme Art Basel Paris qui vient de s’achever, abritée sous les arcades du Grand Palais historique enfin retrouvé.
Fouillez, regardez, admirez et achetez des tirages de toutes époques, de tous pays, sur tous les thèmes. Gustave Le Gray et Charles Nègre côtoient les explorations les plus contemporaines sur les stands des 195 galeries et éditeurs (contre 191 l’an passé) venus de 34 pays, dont un bon tiers d’exposants français, qui prouve bien l’intérêt international de ce salon qui fait déplacer de nombreuses galeries venues du monde entier. Le secteur Principal de la foire comptera 147 galeries internationales avec 32 solo shows, 18 duo shows, 89 group shows, et 7 projets Prismes.
Ajoutez à cela 45 éditeurs qui prouvent toute la vitalité de l’édition photo et aussi des exposants présentant des ouvrages historiques très recherchés par les collectionneurs et amateurs, qui témoignent de l’importance du livre de photographie dans l’histoire du médium. L’an passé, Paris Photo avait reçu 65 000 visiteurs pour contempler le travail de près de 1400 artistes photographes, dont 40% d’artistes féminines !
Andres Serrano“Old Glory I” 1920’s American 48 Stars Flag (Infamous) © Courtesy of the artist and Galerie Nathalie Obadia Paris/Brussels
Jerry Schatzberg. Bob Dylan, Smoke, New York – 1965 © Jerry Schatzberg courtesy in camera galerie
De nombreux temps forts marqueront la cuvée 2024 avec, en premier lieu, et pour marquer le centenaire du surréalisme, une carte blanche sera donnée à Jim Jarmusch, réalisateur et scénariste américain, pour concevoir un parcours inédit.
Un autre centenaire, celui de la naissance de Robert Frank, est également mis à l’honneur cette année. Pace lui consacre un solo show à l’ouverture de Paris Photo, Thomas Zander propose une exploration de son influence sur les générations suivantes, et une mise en lumière de son travail éditorial est à découvrir chez Steidl.
Dernier anniversaire commémoré, celui des 60 ans de la disparition du photographe allemand August Sander. Sander a laissé, en héritage, sa monumentale fresque les Hommes du XXe siècle, une série forte de 600 portraits (regroupés dans un ouvrage en 7 volumes paru en 2002 aux Éditions de la Martinière), photos prises entre 1892 et 1964. Une somme classifiée et répertoriée en 7 chapitres selon le position sociale ou professionnelle de ses modèles. Pour célébrer cet anniversaire, un mur vous attend à l’entrée , mur sur lequel plusieurs dizaines de ces portraits iconiques sont accrochés. Une initiative de la galerie Julian Sander, tenue par l’arrière petit-fils du photographe.
La photo sous tous ses aspects
Comme les années précédentes, Paris Photo est divisé en de nombreux secteurs donnant un panorama le plus exhaustif possible de la création photographique, de ses balbutiements à ses créations et recherches les plus contemporaines.
Un nouveau secteur est proposé : Voices qui mettra en avant des projets autour de l’archive, de la scène latino-américaine, ainsi que de l’Europe de l’Est et du Nord après la guerre froide, sous la direction de trois commissaires majeurs : Sonia Voss, Elena Navarro et Azu Nwagbogu.
Le secteur Prismes propose une immersion dans des œuvres monumentales, avec des projets comme la série People from the Twentieth Century d’August Sander, présentée pour la première fois en Europe, et l’installation d’Anton Kusters sur la mémoire des camps de concentration. Ces œuvres interrogent notre rapport à l’histoire et à l’archive.
Ilona Langbroek. Longing for Insulinde #6 – 2021 © Bildhalle / Ilona Langbroek
Seydou Keïta. Sans titre – 1954-1960 © Courtesy CAAC – The Pigozzi Collection & Galerie Nathalie Obadia Paris/Brussels
Pour la deuxième année, Paris Photo propose Digital, un secteur dédié à la photographie à l’ère numérique. Sous la direction de Nina Roehrs, spécialiste de l’art à l’ère du digital, le secteur Digital présente une sélection de 16 galeries d’art contemporain et de plateformes curatoriales à la pointe des nouvelles technologies, mettant en avant des artistes qui intègrent les réalités numériques dans leur travail.
Pour la première fois cette année, le Prix Lumen et Paris Photo attribueront un prix de 5 000 € à la meilleure présentation parmi les exposants du secteur Digital. Ce prix vise à célébrer l’excellence de l’art à l’ère numérique. « L’approche curatoriale met en avant des artistes qui non seulement s’engagent avec de nouveaux médias, mais dont le travail reflète l’impact profond des révolutions technologiques sur nos vies, la société et l’économie.»,, explique Nina Roehrs
Manuel Álvarez Bravo. La buena fama durmiendo 3, de la serie « La buena fama durmiendo » – 1939 ©Archivo Manuel Álvarez Bravo, S.C.
Janina Sabaliauskaitė. Dovilė dans la brume du matin, 2021 © Janina Sabaliauskaitė
La Lituanie à l’honneur
En cette saison de la Lituanie en France et qui présente plus de 200 événements un peu partout dans le pays, Paris Photo se met au diapason en présentant une exposition inédite de la photographie lituanienne. De nombreux tirages issus des collections de la Bibliothèque nationale de France.
Dans les années 80, sous l’impulsion de Jean-Claude Lemagny, ce sont plus de 1600 tirages qui ont rejoint les collections de la BNF. Le département photo du Centre Pompidou a lui, lancé un projet d’acquisitions dont certaines des photos seront aussi proposées ici. Et enfin, l’Union des Photographes de Lituanie s’est jointe à eux en complétant ce panorama de travaux récents de photographes lituaniens contemporains. Des photographies emblématiques de l’époque de l’occupation soviétique aux créations plus récentes.
Trois sections, The Forms of Things, The Forms of Skulls, Forms of Love, trouvent une résonance particulière face aux défis contemporains. Cette scène, peu connue du grand public, sera d’évidence à découvrir dans le salon d’honneur.
Antanas Sutkus, Pionnier. Ignalina, série « People Of Lithuania », 1964 © Antanas Sutkus
Sarah Moon. Histoires naturelles, 1995 – 1995 © Sarah Moon / courtesy galerie Camera Obscura
Le secteur Émergence, sous le commissariat d’Anna Planas, mettra à l’honneur la scène contemporaine avec 23 expositions monographiques. Le secteur Émergence propose une exploration de la scène artistique contemporaine dans ce qu’elle a de plus créatif. Il est soutenu par de jeunes galeries qui mettent en avant la diversité des techniques et des thèmes, poussant l’expérimentation du médium vers de nouvelles voix.
Le parcours Elles × Paris Photo, qui célèbre le travail de femmes photographes, sera conçu par Raphaëlle Stopin, directrice du Centre photographique Rouen Normandie et ancienne directrice artistique du festival d’Hyères. Réalisé en partenariat avec le ministère de la Culture et avec le soutien de Women In Motion, un programme de Kering pour mettre en lumière les femmes dans les arts et la culture, Elles × Paris Photo a permis d’augmenter la représentation des femmes artistes sur la foire de 20 % à 38% depuis 2018. Pour la première fois cette année, et avec le soutien de Kering, le programme se renforce grâce à une aide financière apportée à quatre galeries proposant des expositions de femmes photographes
August Sander. Jungbauern 1926 – 1926 © Die Photographische Sammlung/ SK Stiftung Kultur – August Sander Archiv, Köln: VG Bild-Kunst, Bonn, 2024
Steve McCurry. Camels in Dust Storm, Inde – 2010 © Steve McCurry / Courtesy Polka Galerie
Le secteur Éditeurs, lui, riche de 45 participants internationaux, valorise et défend la production de livres de photographie. Ce secteur, occupe une place d’importance au sein de la foire et témoigne de l’importance du livre de photographie dans l’histoire et la diffusion du médium photo. Des lancements en avant-premières, des éditions rares et limitées, des ouvrages historiques, accompagnent très nombreuses séances de dédicaces, des plus grandes stars de la photographie aux nouveaux venus, organisées sur les stands des exposants, moments privilégiés de rencontre avec les artistes. Plusieurs prix seront distribués : Premier livre photo ; Livre photo de l’année ; catalogue photographique de l’année et le Prix Aperture.
Et enfin, une programmation au sein de Paris Photo offre cette année encore un programme riche de rencontres, dédicaces, colloques et prix (programme à retrouver sur le site de Paris Photo). Comme toujours depuis sa création, ce salon, le plus important au monde pour la photographie, est, en raccourci, une belle histoire de la photo de ses balbutiements à ses derniers bidouillages et un rendez-vous des plus attendus.
Paris Photo 2024
Grand Palais. 3 avenue du Général Eisenhower (8e).
Du 7 au 10 novembre
Du jeudi au samedi : 13h-20h
Le dimanche : 13h-19h
Accès :
Métro ligne 1 et 13: station : Champs Elysées-Clemenceau
ou ligne 9 : station : Franklin D. Roosevelt
Bus : ligne 93, 73, 42 et 72
Site du salon : ici